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La proportionnelle se confirme, mais des détails restent à régler

Jeanine JALKH

Plus on se rapproche des délais et plus le jeu des négociations autour de la réforme électorale devient serré. C’est en principe aujourd’hui que se termine la session ordinaire du Parlement selon la version défendue par le chef de l’État et par de nombreux experts juridiques qui ont avalisé son interprétation. Une thèse qu’a cherché à compromettre lundi le président de la Chambre en estimant que la session ordinaire du Parlement devrait être prolongée d’un mois, du fait du recours par le président Michel Aoun à l’article 59 de la Constitution ajournant d’un mois les réunions plénières de la Chambre.
De son côté, Michel Aoun n’a par ailleurs toujours pas usé de sa prérogative constitutionnelle l’autorisant à demander l’ouverture d’une session extraordinaire comme prévu par l’article 33 de la Constitution, une mesure qu’il n’entreprendra que lorsque les parties seront parvenues à un accord autour de la nouvelle loi électorale.
Après l’inquiétude suscitée suite au subterfuge constitutionnel du chef du Parlement, Nabih Berry, une dose d’optimisme a cependant été distillée hier par les milieux politiques sur une issue probable de la crise dans les rapports entre Baabda et Aïn el-Tiné, mais aussi de la réforme électorale.
Depuis lundi soir, les médiateurs sont à l’œuvre et s’activent pour rapprocher les points de vue, minimiser l’enjeu personnel en redéfinissant les priorités, même si le conflit qui oppose MM. Berry et Aoun reste en définitive intimement lié à l’enjeu électoral et aux négociations en cours. Après une première tentative de calmer le jeu, émanant du Sérail lors d’un iftar qui a réuni, lundi, le Premier ministre, Saad Hariri, et le président de l’Assemblée, le Hezbollah est intervenu hier à son tour pour y mettre du sien. Le chef du bloc du Hezb, Mohammad Raad, a fait preuve de son optimisme qui, a-t-il dit, « se concrétisera assurément lors de l’iftar prévu jeudi (demain) au palais de Baabda », auquel est convié M. Berry. C’est un ton tout aussi positif qu’a utilisé hier encore Michel Aoun en affirmant devant ses visiteurs que les élections législatives « auront lieu suivant la loi dite proportionnelle et ce en accord avec l’ensemble des protagonistes ». Il a également indiqué être « optimiste » quant à la mise en place d’une nouvelle loi. Le chef des FL, Samir Geagea, a été dans le même sens en assurant qu’il n’y aura « pas de retour en arrière, certainement pas en direction de la loi de 1960 ». Le leader chrétien a évoqué une « progression de 95 % » en direction de la finalisation de la nouvelle loi électorale. « Les 5 % restants portent sur des détails », a-t-il dit.
C’est sur ces détails, dont notamment la question du transfert des sièges, ou, à défaut, le retour à un hémicycle de 108 députés, comme le prévoit la Constitution, au lieu des 128 actuels, que continuent de plancher les représentants des FL et du CPL, qui enchaînent réunion sur réunion pour mettre les dernières touches à leurs revendications communes visant, comme ils disent, à « améliorer la représentation chrétienne ». Lors d’une conférence de presse, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a réclamé la réduction du nombre des députés en invoquant le respect de l’accord de Taëf dans l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, se défendant toutefois d’avoir jamais demandé le transfert de sièges. « Nous demandons tout simplement la suppression des 20 sièges qui ont été rajoutés. Nous demandons aussi que certains sièges qui ont été arrachés soient réattribués », a-t-il dit. C’est bonnet blanc et blanc bonnet, le retour à 108 sièges étant dans ses effets équivalent à la demande de transfert des sièges de certains députés chrétiens des régions à majorité musulmane vers des localités acquises à leur communauté, une ambition à laquelle Nabih Berry a apposé un niet qu’il juge définitif. De part et d’autre, on place la barre le plus haut possible, avant que ne sonne l’heure de vérité où les uns et les autres devront revoir leurs appétits à la baisse.