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Aoun : Les remarques formulées seront prises en compte

Le président de la République, Michel Aoun, a indiqué hier qu’il procédera demain, mercredi, avec le président du Conseil et le Conseil des ministres, à une évaluation de la situation sociale, économique et financière au lendemain de l’adoption par la Chambre des députés, le 19 juillet, de la nouvelle grille des salaires et des mesures financières et fiscales pour la financer.
« Des remarques ont été formulées par plusieurs acteurs politiques et économiques. Nous devons les étudier calmement et avec responsabilité, loin des surenchères politiques et médiatiques. Cela est lié à la sûreté publique et financière de l’État, d’une part, et à la stabilité sociale et économique, de l’autre », a déclaré le président Aoun, dans le cadre de ses audiences hier au palais présidentiel de Baabda.
Il a de nouveau souligné, dans ce cadre, l’importance de l’adoption du budget, appelant la Chambre à mener à bien cette mission dans les plus brefs délais pour ordonnancer la situation financière et déterminer les revenus et les dépenses de l’État.

Samy Gemayel
Le président de la République a notamment reçu hier le chef des Kataëb, le député Samy Gemayel, à la tête d’une délégation du parti formée du député Samer Saadé, et de MM. Sélim Sayegh, Jean Tawilé et Lara Saadé.
M. Gemayel a remis au chef de l’État une étude préparée par le parti concernant les répercussions économiques et financières des mesures fiscales adoptées à la Chambre, et les effets de chaque taxe sur la situation financière.
Le député du Metn a souhaité que le président Aoun renvoie au Parlement le texte sur les sources de financement de la grille des salaires.
« Nous avions demandé rendez-vous au chef de l’État depuis un certain temps afin de lui remettre cette étude préparée par le parti Kataëb sur les effets des taxes imposées de manière chaotique par la Chambre sur les différentes strates de la société libanaise », a indiqué M. Gemayel à l’issue de la réunion.
« Ces taxes vont mener à une catastrophe économique et sociale énorme qui frappera tout particulièrement les plus démunis et la classe moyenne. Il s’agit d’un danger grave pour l’avenir du peuple libanais », a souligné le chef des Kataëb.
« Comme le président de la République dispose de la prérogative présidentielle de renvoyer les lois, nous avons considéré qu’il était de notre devoir de lui rendre visite et de souhaiter qu’il renvoie cette loi pour les raisons scientifiques que nous lui avons présentées dans cette étude détaillée sur la situation économique et sociale actuelle (…) », a-t-il ajouté.
« Le chef de l’État a été très positif à notre égard concernant notre proposition », a encore dit Samy Gemayel, affirmant « s’attendre au meilleur ».
Selon le chef des Kataëb, « sur les 20 taxes adoptées, cinq sont fondées dans la mesure où elles touchent des secteurs qui réalisent des gains extraordinaires, notamment les biens-fonds ». « Mais quinze d’entre elles touchent la société libanaise et constituent un danger pour l’économie, a déclaré M. Gemayel. S’il faut absolument adopter la grille des salaires, il existe d’autres moyens de la financer », a-t-il précisé, en indiquant qu’il avait présenté certaines recommandations et solutions palliatives à ce sujet au chef de l’État.
Samy Gemayel a par ailleurs affirmé que dans le cas où la loi ne serait pas amendée par les voies constitutionnelles, il présentera un recours en invalidation devant la Conseil constitutionnel. « Mais nous n’en arriverons pas là, je crois. Nous avons entendu du chef de l’État des propos très réconfortants », a-t-il ajouté.

Saad Hariri
Dans l’après-midi, le chef de l’État a accordé audience au Premier ministre Saad Hariri, qui lui a fait un exposé de sa visite aux États-Unis et de sa rencontre avec le président Donald Trump et divers responsables américains.
Répondant aux questions des journalistes, M. Hariri a précisé que l’objectif de sa visite était de protéger l’économie libanaise face aux sanctions US en préparation, et d’obtenir un maintien de l’aide pour la lutte contre le terrorisme. « C’est irresponsable et de l’ordre de la surenchère de dire que j’y ai été pour modifier la position des États-Unis vis-à-vis de certaines parties au Liban », a-t-il dit, en réponse à une question relative aux propos de M. Trump sur le Hezbollah. « Je ne peux pas agir à ce niveau », a-t-il expliqué.
M. Hariri a par ailleurs écarté tacitement la possibilité d’une révision de la loi sur les mesures fiscales, se félicitant de « l’exploit accompli à travers l’adoption de la grille des salaires sans endettement ».
Concernant l’étude remise au président Aoun par le chef des Kataëb dans la journée, le président du Conseil a indiqué : « Je ne suis pas contre, s’il existe des palliatifs réels, et pas illusoires, pour financer la grille des salaires. » Avant d’ajouter : « Mais dire qu’il y a de la corruption et du gaspillage par milliards, ce n’est que paroles. Nous nous battons contre la corruption, les nominations ont lieu au sein des organismes de contrôle pour que ces derniers puissent remplir leur rôle, et lors du prochain Conseil des ministres, il y aura des nominations supplémentaires pour consolider ces organismes ».
« C’est facile de parler. Nous appelons à ce que les propos soient accompagnés de faits. La grille des salaires a été discutée pendant trois ans. Toutes les parties l’ont acceptée, notamment les Kataëb. Ils peuvent protester, et c’est bien, mais il faut que cette opposition soit constructive et dans l’intérêt du pays. Je ne veux pas un surplus d’endettement (…) », a-t-il ajouté.
Répondant en soirée au Premier ministre, le bureau des médias du parti Kataëb a souligné que « les députés du parti n’avaient ni approuvé ni voté, à n’importe quel stade, une augmentation des mesures fiscales ». « Nous avons voté contre », souligne le communiqué, appelant ceux qui le souhaitent à consulter les rapports des séances parlementaires pour s’en assurer.
Dans le même cadre, Michel Aoun a reçu hier une délégation du comité exécutif de la Ligue des enseignants contractuels de l’Université libanaise, présidée par M. Mohammad Smiley, qui lui a remis un mémorandum sur la situation des enseignants contractuels et l’impact de la nouvelle loi sur leurs acquis. La délégation a réclamé l’adoption d’une nouvelle grille des salaires « juste » pour les enseignants de l’UL.