Pour la troisième journée consécutive, l’armée a poursuivi hier l’offensive terrestre qu’elle mène depuis samedi matin dans les jurds de Qaa et Ras Baalbeck contre les jihadistes du groupe État islamique (EI). « Les unités de l’armée continuent de bombarder à l’aide de l’aviation et de l’artillerie lourde les positions tenues par les jihadistes » du groupe EI, a annoncé le commandement de l’armée sur son compte Twitter. Il a en outre souligné que la dernière phase de cette bataille, baptisée « L’aube des jurds », doit être lancée incessamment. « Les unités du génie de l’armée nettoient les zones libérées des mines et autres engins explosifs ou suspects, ouvrant des passages pour les unités en première ligne afin de lancer la dernière étape de l’opération “L’aube des jurds”, en vertu du plan élaboré par le commandement militaire », a-t-il précisé dans ce cadre.
Selon une source sécuritaire, citée par l’agence al-Markaziya, « la date de la fin de l’offensive n’est pas fixée ». « Toutes les rumeurs rapportées dans les médias à ce sujet sont infondées », a-t-elle précisé, soulignant que « c’est l’évolution sur le terrain qui dicte les circonstances et le timing de la bataille ». « Le commandement de l’armée annoncera sa fin, comme il avait annoncé son début », a-t-elle insisté.
L’armée a déjà récupéré les trois quarts des terrains occupés par le groupe EI dans les jurds de Qaa et de Ras Baalbeck. « Il ne reste plus que près de 40 km2 : 15 km2 se trouvent au nord de la région et 25 km2 dans la région de Martbaya », a expliqué cette source, précisant que l’armée « avance progressivement, resserrant l’étau autour des jihadistes par voies aérienne et terrestre des deux côtés libanais et syrien ». Elle estime que « la décision de trancher la bataille est irrévocable » et que les jihadistes « se trouvent devant deux scénarios : la reddition ou l’affrontement direct dans le dernier carré ».
« Le nombre des jihadistes est faible comparé à la grande surface qu’ils occupent, a expliqué cette source. Ils se déplacent par petits groupes sur les collines et dans les positions. À l’approche des unités de l’armée, ils se retranchent vers des positions plus élevées après avoir miné les champs puis se cachent dans les grottes. »
Un membre de l’EI déféré devant la justice
Par ailleurs, le commandement de l’armée a annoncé hier dans un communiqué qu’il a déféré devant les autorités judiciaires le dénommé Abdel Rahman Mohammad Moussa, libanais, qui avait planifié de rejoindre les rangs de l’EI en Syrie, mais avait échoué. Il avait alors accepté de commettre un attentat-suicide sur le territoire libanais dont le lieu et la date devaient être fixés par un commandant du groupe jihadiste en Syrie.
Les services de renseignements de l’armée ont également arrêté hier, à Wadi el-Arnab, à Ersal, Bassel Mohammad Abdel-Kader, Syrien âgé de 25 ans. Surnommé Abou Ens as-Sahli ou le faucon de Ersal, il est l’un des responsables sécuritaires de l’EI.
De leur côté, les volontaires de la Défense civile libanaise, qui tiennent un sit-in depuis vendredi devant le siège de l’ambassade de France réclamant le règlement de leur dossier, ont annoncé hier la suspension de leur mouvement, en signe de solidarité avec l’armée libanaise. Ils vont organiser des campagnes de don de sang en faveur des soldats blessés.
Hier, le ministre d’État contre la corruption, Nicolas Tuéni, a été au chevet de ces soldats. Il a mis l’accent sur l’importance du soutien « officiel et populaire à l’institution militaire ». Le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, a lui aussi été au chevet des blessés hospitalisés à l’hôpital libanais – Jeitaoui et à l’hôpital Saint-Georges des grecs-orthodoxes.
L’adieu aux trois militaires tués
La journée d’hier a été aussi marquée par l’adieu émouvant aux trois militaires tués dimanche lors des combats par une mine ayant touché leur véhicule. Osman Chédid, Élie Freijé et Bassem Moussa ont été enterrés hier dans leurs villages respectifs à Koueikhate (Akkar), Reite (Békaa) et Berkayel (Akkar).
Les cercueils des trois soldats, enveloppés du drapeau libanais, ont été portés à bout de bras par leurs camarades ou par les habitants des villages, et accueillis par des foules qui ont tenu à rendre un dernier hommage aux héros.
En Syrie
Enfin, de l’autre côté de la frontière, en Syrie, les combattants du Hezbollah et l’armée syrienne ont poursuivi de leur côté la bataille qu’ils ont lancée également samedi, parallèlement à celle de l’armée, contre l’EI, dans le jurd de Qalamoun-Ouest.