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Geagea et Gemayel en Arabie saoudite « parce que le Liban ne gravite pas dans l’orbite iranienne »

Yara ABI AKL |  

À l’heure où la polémique autour de l’entretien qu’a eu le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, avec son homologue syrien, Walid Moallem, la semaine dernière à New York, continue de battre son plein, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, et le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, se sont rendus hier en Arabie saoudite.
En dépit de tous leurs désaccords sur nombre de dossiers locaux, la visite (presque simultanée) de MM. Geagea et Gemayel au royaume wahhabite revêt une importance certaine, d’autant qu’ils ont répondu favorablement à une invitation saoudienne officielle.
Outre la rencontre Bassil-Moallem (interprétée dans certains milieux politiques comme une tentative du 8 Mars de contraindre le gouvernement à aller dans le sens d’une normalisation avec le régime syrien), ce déplacement intervient quelques semaines après la tournée du ministre saoudien pour les Affaires du Golfe, Thamer el-Sabhane, à Beyrouth, en marge de laquelle il n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le Hezbollah, le qualifiant de « parti du diable », quelques jours après l’accord tripartite conclu entre la formation de Hassan Nasrallah, le régime syrien et le groupe État islamique pour évacuer les terroristes de ce groupe du territoire libanais.
Cela fait dire à un observateur politique interrogé par L’Orient-Le Jour qu’à travers les invitations adressées aux leaders des forces souverainistes du pays, l’Arabie vise à envoyer ce message clair à Téhéran, mais aussi et surtout à ses alliés locaux : le royaume wahhabite n’abandonnera pas le Liban et ne permettra pas de le mener vers l’axe syro-iranien, sous l’effet, bien entendu, du forcing exercé par le parti de Hassan Nasrallah pour une reprise des contacts avec Damas, « parce que le pays ne gravite pas dans cette orbite ».
Mais, du côté de Meerab, on se veut plus prudent et soucieux de ne pas plonger dans des interprétations politiques, « dont le timing n’est pas propice ». Selon un cadre FL contacté par L’OLJ, « la visite de Samir Geagea devrait lui permettre de se faire une idée des négociations actuellement en cours pour trouver des solutions aux conflits qui secouent la région, à la lumière du conflit irano-saoudien ».
D’aucuns notent, dans ce cadre, que le voyage de Samy Gemayel et de Samir Geagea intervient à la veille d’une réunion au sommet entre le roi Salmane d’Arabie et le président russe, Vladimir Poutine, prévue la semaine prochaine, et à l’heure où un nouvel ambassadeur saoudien devrait être nommé à Beyrouth prochainement.
Mais le cadre proche de M. Geagea insiste, toutefois, sur la dimension souverainiste du voyage du chef des FL, « d’autant qu’à travers cette initiative, les dirigeants saoudiens ont tenu à affirmer qu’ils cautionnent les forces politiques souverainistes (appartenant essentiellement à l’alliance du 14 Mars) et feront le contrepoids de Téhéran qui tente de déséquilibrer les rapports de force politiques au Liban ».

Les relations du Liban avec le Golfe
Mais, outre les rapports de force sur l’échiquier politique, dans les milieux de l’opposition on explique cette nouvelle ouverture en direction de Riyad par l’attachement aux relations libano-arabes, notamment avec les pays du Golfe qui offrent à beaucoup de Libanais des opportunités d’emplois. Dans ces mêmes milieux, on insiste sur l’importance de ne pas faire subir aux émigrés les conséquences des choix politiques du pouvoir.
Un point important reste à soulever : à l’heure où certains ont donné à cette initiative saoudienne une dimension chrétienne, dans la mesure où ce sont deux leaders maronites qui ont pris l’avion pour l’Arabie dans la même journée, des sources politiques bien informées indiquent à L’OLJ que des personnalités d’autres communautés (notamment sunnite) pourraient se rendre prochainement dans le royaume.