ÉVÉNEMENT
L’instant est à la fois « émouvant » et solennel. Les Libanais de New York ont vécu samedi matin un moment historique, « touchant » et unique avec l’inauguration de la chapelle Saint-Charbel, la première du genre en dehors du Liban, au cœur de la cathédrale Saint Patrick de New York. La chapelle, aménagée à l’initiative de M. Antoun Sehnaoui, est dédiée à May et Nabil Sehnaoui. L’inauguration solennelle de ce lieu de prière, au cœur de cette cathédrale mythique new-yorkaise, est l’emblème de l’unité des chrétiens à New York et dans le monde.
C’est en grande pompe et aussi en toute simplicité que la cérémonie inaugurale s’est déroulée en présence de l’archevêque de New York, le cardinal Timothy Dolan, du patriarche maronite Béchara Raï, de l’évêque de l’éparchie maronite de Brooklyn, Mgr Gregory Mansour, de l’ambassadrice du Liban par intérim à Washington, Carla Jazzar, du consul général du Liban à New York, Majdi Ramadan, du représentant permanent du Liban auprès des Nations unies, Nawaf Salam, de M. Antoun Sehnaoui, PDG de la Société générale de banque au Liban, accompagné de son père Nabil Sehnaoui et de sa famille, de Toufic Baaklini, président de In Defense of Christians (IDC), et d’une foule de fidèles américano-libanais et des officiels américains.
« Un miracle ! »
« Ce moment est vraiment touchant. Saint Charbel, ce moine maronite qui a mené une vie d’ermite dans la montagne de Annaya, loin du monde, arrive à la plus grande cathédrale des États-Unis, la cathédrale Saint Patrick de New York. Nous attendions trois cents personnes, nous nous sommes retrouvés devant une foule de 2 500 personnes. C’est bien là le miracle de saint Charbel ! » s’est exclamé le patriarche Raï dans une interview accordée hier à L’Orient-Le Jour.
Quelles sont les circonstances de la création de cette chapelle au cœur de la célèbre cathédrale Saint Patrick de New York ? « L’idée est née à l’occasion du sommet de I’IDC », indique le patriarche Raï. « Avec la bénédiction du cardinal Dolan et grâce à la donation généreuse de M. Antoun Sehnaoui, la chapelle a pu être réalisée. Ce sont là de tout petits gestes, mais c’est saint Charbel qui a tout pris en main et guidé la création de ce sanctuaire, » a-t-il ajouté.
Mosaïque emblème
Saint Charbel, qui inspire aussi un dévouement particulier parmi les catholiques en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique latine, est célèbre pour sa spiritualité monastique et ses dons de guérison miraculeux. La chapelle qui lui est dédiée rend hommage au saint maronite dont la spiritualité profonde a touché le monde entier, avec son message évangélique selon lequel la communion intérieure avec Dieu est non seulement possible, mais un privilège pour tous les chrétiens. Lieu de recueillement et de prière, ce sanctuaire est une mosaïque artisanale, une conception de l’artiste Alain Kouyoumdjian, réalisée en six mois par une équipe d’experts italiens.
L’œuvre artistique représente saint Charbel enveloppé d’un halo lumineux dans la montagne libanaise, près du monastère Saint-Maron. Il est entouré d’un paysage de cèdres florissants et d’eaux cristallines de la Méditerranée, symbole de la vie spirituelle. Au centre se trouve une niche avec un banc et une table où sont exposées les reliques de ce saint. La niche s’ouvre au centre de la mosaïque pour que les visiteurs puissent entrer dans un silence religieux que le saint moine maronite a perfectionné dans son ermitage. Ce silence intérieur, nombre de personnes le recherchent aujourd’hui. La chapelle comprend une dédicace aux parents d’Antoun Sehnaoui, « Ad Majorem dei Gloriam May et Nabil Sehnaoui », dont la générosité a permis la construction du sanctuaire.
Beauté de la chrétienté
Le sanctuaire de saint Charbel, la mosaïque et cette grande assemblée donnent une dimension spéciale à la cérémonie. « Saint Charbel porte en lui la beauté de la chrétienté orientale, la beauté d’un christianisme souffrant, les peuples d’Orient, en particulier les peuples de la Terre sainte, d’Irak, d’Égypte, de Syrie, de Turquie, du Liban. Saint Charbel porte aussi les espoirs, les aspirations des peuples de ces pays, le mystère du christianisme dans le monde, c’est le mystère du Christ, c’est le mystère de la Sainte Église », a indiqué le patriarche Raï dans son homélie. Et d’ajouter que « saint Charbel est un signe d’espoir pour le christianisme et pour tous les peuples du Moyen-Orient qui souffrent dans des circonstances difficiles ». « Nous lui rendons gloire et le remercions », a-t-il souligné.
À son tour, le cardinal Dolan a rendu hommage « aux peuples du Moyen-Orient, et du Liban en particulier ». « Nous sommes à la cathédrale Saint Patrick, lieu de prière de tous les New-Yorkais », a-t-il relevé. « Nos prières sont aujourd’hui encore plus ferventes en présence de Son Eminence, le patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, un ami, un grand leader, une inspiration pour nous. Il est accompagné de Monseigneur Gregory Mansour (NDLR : grand ami de l’archevêque new-yorkais), a-t-il ajouté. Nous sommes là à New York et aux États-Unis pour entendre les voix qui nous parlent du Moyen-Orient. Nous entendons les voix des militaires, nous entendons les voix des politiciens, et aussi des experts, mais nous sommes venus aujourd’hui pour non seulement entendre, mais aussi écouter les voix de deux grands patriotes, Votre Béatitude et le patriote de Rome, le Saint Père François. Votre Béatitude, vous nous avez honoré de votre présence et merci aussi pour cette foule rassemblée aujourd’hui ici. »
May et Nabil Sehnaoui
Le PDG de la Société générale de banque, Antoun Sehnaoui, a relevé avec humilité « l’intervention divine qui dépasse nos capacités humaines » dans la réalisation de ce sanctuaire au coeur de New York. « Ce qui se passe aujourd’hui est une intervention divine qui n’aurait pu être rendue possible si Dieu n’avait pas sauvé ce lieu pendant plus de 150 ans, pour que saint Charbel repose à Saint Patrick, l’une des cathédrales les plus sacrées des États-Unis », a-t-il déclaré. « Dieu nous a bénis, mon père et moi, en nous permettant d’être un outil dans son plan grandiose. Ce jour est également béni parce que c’est un grand honneur de dédier ce sanctuaire à la plus grande gloire de Dieu, au nom de ma mère May et de mon père Nabil, qui priaient dans cette cathédrale chaque fois qu’ils étaient à New York », a ajouté Antoun Sehnaoui. Loin de « s’arrêter là », « l’intervention divine n’est que le début de saintes entreprises futures de saint Charbel aux États-Unis, un phare de la divinité libanaise pour les générations à venir », a-t-il conclu.