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Dernières « retouches » avant le Conseil des ministers

 

Yara ABI AKL | 

Un mois après la démission surprise du Premier ministre, Saad Hariri, tout prête à croire que la crise déclenchée par cette décision prendra fin prochainement. Et pour cause : les contacts politiques multipartites se poursuivent afin de mettre sur pied une formule du compromis politique élargi qui a donné le coup d’envoi au sexennat de Michel Aoun. Dans sa nouvelle version qui subissait jusqu’à hier quelques modifications, l’entente politique tant attendue devrait être principalement axée sur l’application effective de la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits régionaux, ainsi que le respect de l’accord de Taëf et la préservation des relations du Liban avec les États arabes, notamment les pays du Golfe.
Des sources proches du Premier ministre indiquent, dans ce contexte, à L’Orient-Le Jour, que lors de leurs réunions ce week-end à Paris, le chef de gouvernement, Saad Hariri, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, mais aussi le directeur du cabinet du Premier ministre, Nader Hariri, se sont entendus sur les grandes lignes de la nouvelle version de l’entente prévue prochainement, notant que les divers protagonistes examinent actuellement la nouvelle formule qui devrait voir le jour à l’issue du prochain Conseil des ministres, prévu ce midi au palais de Baabda, apprenait-on tard en soirée de sources bien informées. Et c’est justement dans ce cadre que s’inscrit une réunion qui s’est tenue hier au siège du ministère des Finances entre le conseiller politique de Nabih Berry, Ali Hassan Khalil, et Nader Hariri.
De source bien informée, on apprenait en outre que le chef du législatif effectuait dans la soirée une dernière lecture du communiqué gouvernemental, afin d’y apporter quelques « retouches », en vue de parvenir à une version qui bénéficierait de l’aval du Hezbollah. Le communiqué soulignerait son attachement à la distanciation non seulement sur le plan du principe, mais « dans les actes ».
Des milieux politiques faisaient hier état de leur optimisme quant à une issue de la crise. Après un un entretien avec Saad Hariri (qui a également rencontré le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk), Waël Bou Faour, député joumblattiste de Hasbaya, a souligné que « le Liban tournera prochainement la page de la démission » de M. Hariri. Il a par ailleurs insisté, une fois de plus, sur l’importance de trancher certaines « questions essentielles ». Il s’agit, bien entendu, « de la distanciation, du maintien des relations arabo-arabes, des rapports libano-arabes et de la question médiatique ». M. Bou Faour faisait ainsi allusion aux campagnes lancées récemment contre l’Arabie saoudite dans les médias proches de la formation dirigée par Hassan Nasrallah.

Le Yémen, nouvel obstacle ?
Ce tableau fait dire à certains que la balle est désormais dans le camp du Hezbollah. Mais selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, le tandem Amal-Hezbollah est soucieux de la relance du cabinet Hariri, et donc du mandat de son grand allié, Michel Aoun. Il sera donc favorable à toute formule qu’approuverait le chef de l’État, à condition de garder intacte la déclaration ministérielle, et de ne pas la modifier dans un sens ou dans l’autre. Ce texte stipule le respect des résolutions internationales, dont la 1701 (2006), affirmant, toutefois, « le droit des Libanais à la résistance, par tous les moyens légitimes, contre les agressions israéliennes, et à récupérer les territoires occupés ».
Cette prise de position n’est pourtant pas sans susciter des craintes locales quant à d’éventuels nouveaux obstacles qui surviendraient à la suite des derniers développements enregistrés au Yémen, particulièrement l’assassinat, hier, de l’ancien président Ali Abdallah Saleh par les rebelles houthis soutenus par Téhéran.
En attendant, la France continue à déployer de grands efforts pour résoudre la crise libanaise avant le 8 décembre, date de la réunion prévue à Paris du Groupe de soutien international pour le Liban. Selon l’agence al-Markaziya, Bernard Émié, directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), aurait été dépêché en Iran par le président français, Emmanuel Macron. L’ancien ambassadeur de France à Beyrouth est même parvenu à obtenir l’approbation de Téhéran au nouveau compromis politique, et l’a transmise à Riyad, pour une couverture régionale et internationale à la nouvelle version de l’entente. M. Émié serait rentré hier soir à Paris au terme de réunions jugées « très positives », selon des sources bien informées.