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Hariri à Riyad : l’entretien avec MBS serait decisive

 

Le Premier ministre Saad Hariri, arrivé hier à l’aube à Riyad, a été reçu dès son arrivée par le roi Salmane d’Arabie, avant sa réunion aujourd’hui avec le prince héritier Mohammad ben Salmane.

L’agence officielle saoudienne SPA a rapporté que le roi Salmane et Saad Hariri avaient eu des entretiens portant sur « les relations bilatérales et l’évolution récente de la situation au Liban ». L’agence a affiché des photos des deux dirigeants se serrant fermement la main. On a pu voir les deux dirigeants, souriants, boire le café ensemble lors de leur entretien au palais royal d’al-Yamama. Le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Abdel Aziz ben Saoud ben Nayef, et le ministre des Affaires étrangères, Adel el-Jubeir, ont pris part entre autres à la rencontre, ajoute SPA, qui ne précise pas si le prince héritier, Mohammad ben Salmane, était présent. Une source proche de M. Hariri a indiqué à L’Orient-Le Jour que seul l’ambassadeur du Liban en Arabie l’a accompagné à la réunion.

Il serait hâtif de tirer des conclusions de cette visite avant la réunion de M. Hariri avec le prince héritier. Ce qui serait clair toutefois, c’est que l’Arabie n’est pas près de rompre ses rapports avec Saad Hariri, notamment en sa qualité de Premier ministre. C’est d’ailleurs à ce titre, et non en tant que leader du courant du Futur, qu’il se serait rendu à Riyad, insistent à L’OLJ des milieux gravitant autour du Futur. De l’aveu de proches du royaume, M. Hariri aurait quelque part réussi son pari de garder plus ou moins son autonomie vis-à-vis de l’Arabie en optant pour le compromis interne avec le président Michel Aoun et le Hezbollah. Ayant pris acte du statut officiel de Saad Hariri, après avoir tenté de le contraindre à la démission en novembre dernier, l’Arabie n’aurait donc pas l’intention de saper le compromis (ce qui a fait dire au président de la Chambre Nabih Berry à ses visiteurs hier que ce que lui a dit l’émissaire saoudien « sur le Liban et son rôle historique était très positif». L’intention saoudienne serait plutôt d’initier un début de rééquilibrage des forces face au Hezbollah, qui pourrait ou non – rien n’est sûr à ce stade – se traduire au niveau des législatives.

La question est de savoir quel terrain d’entente sera trouvé entre Saad Hariri et Mohammad ben Salmane, dans les limites du statu quo actuel au Liban.

Selon des milieux ayant eu vent de la teneur de la visite, M. Hariri entendrait défendre le compromis interne, tel qu’il le conçoit: une volonté de «contenir le litige», qui ne perd pas de vue «les conflits substantiels» avec le Hezbollah, mais qui fait tout pour sauvegarder la stabilité. Il ne s’agirait donc pas d’une approche «consensuelle», puisque le courant du Futur est «conscient de ce litige». Sa seule visée est donc d’empêcher que ce litige s’exprime dans la rue, selon des sources proches du pouvoir.

Pour leur part, ses interlocuteurs saoudiens auraient d’ores et déjà formulé leur souhait que  «le Hezbollah s’abstienne de s’immiscer dans les crises régionales».

Rien n’est sûr quant au moyen de mettre en œuvre ce souhait d’une «politique de dissociation», surtout que ce sont «des actes et non des paroles» qui sont attendus par le royaume.

Mais la décision saoudienne d’aller «vers Saad Hariri» est le signe d’un premier acte concret, qui devrait se traduire à travers des contributions aux sommets de soutien au Liban prévus à Rome, Paris et Bruxelles.

Le Premier ministre est aujourd’hui «dans une meilleure position» au Liban, a déclaré le prince Mohammad ben Salmane dans une interview au Washington Post