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Présidentielle : la confusion généralisée alimente toutes les spéculations

 

Sandra NOUJEIM 

En dépit d’informations faisant état d’un gel du compromis sur la présidentielle, les milieux du Futur affirment que celui-ci est toujours en marche. Une source très informée des contacts en cours dément à L’Orient-Le Jour la décision du chef du courant du Futur Saad Hariri de reporter l’annonce de la candidature de Sleiman Frangié. La même source précise que les réticences exprimées par les parties chrétiennes n’entravent pas pour l’instant ce compromis.

Il reste que le Futur entend inclure ses alliés chrétiens dans l’entente en gestation. « Il n’y a pour l’instant que l’ébauche d’un compromis, a ainsi précisé à Radio-Orient le député Ammar Houry, membre du bloc du Futur. Ce n’est que lorsque les ententes nécessaires seront obtenues que Saad Hariri en fera une annonce officielle. Pour l’instant, les éléments du compromis ne sont pas réunis. » L’aval des Forces libanaises serait donc un élément souhaité. Depuis que la rencontre de Paris s’est ébruitée, les milieux du Futur informés des contacts ont dit coordonner leur démarche avec leurs alliés. Ces mêmes milieux ont confié hier à L’OLJ que la rencontre qui a eu lieu samedi en soirée à la Maison du Centre, en présence notamment du chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, et du député FL Georges Adwan, a eu lieu à l’initiative du Futur dans un effort de dissiper les malentendus. Sans cacher leur mécontentement de n’avoir pas été consultées au préalable sur la nouvelle candidature envisagée, les FL envisagent toutefois avec prudence leur prochaine démarche, qui aurait été débattue d’ailleurs à la Maison du Centre.
Au niveau des déclarations officielles, le député Antoine Zahra a, certes, affirmé que « si Sleiman Frangié est élu président de la République, nous remettrons en cause les objectifs de l’alliance du 14 Mars », mais il a vite fait d’indiquer que « nous attendons certaines précisions, en fonction desquelles nous déclarerons notre appui ou notre refus de la candidature proposée ». La position des FL s’aligne ainsi à cet égard sur celle des Kataëb. Alors que le chef de ce parti, Samy Gemayel, réitère à ses interlocuteurs les conditions préalables de principe qu’il exige pour appuyer la candidature de Sleiman Frangié, des rencontres entre des délégués respectifs des Kataëb et des Marada se tiennent régulièrement pour mettre au clair les positions de l’une et l’autre partie, assurent des sources informées. Toutefois, « aucune réponse aux conditions soumises n’a été apportée pour l’instant », confient ces sources, jugeant improbable, pour l’heure, une rencontre Gemayel-Frangié.

La situation dans le camp du 8 Mars est plus opaque, en grande partie à cause du mutisme officiel du Hezbollah sur le compromis en vue. Les milieux proches du parti chiite insistent sur la primauté qu’il accorde à la candidature du général Michel Aoun.
Pour ce qui est du Hezbollah, sa position est sujette à des spéculations, fondées peut-être, mais non confirmées : les milieux favorables au compromis assurent que celui-ci n’aurait pu être initié sans l’accord préalable du parti chiite, « tant sur le principe que sur le timing ». Parmi ceux qui s’opposent au compromis, certains soutiennent aussi la thèse selon laquelle le parti chiite préfère la candidature du chef des Marada.
D’autres affirment que l’initiative, émanant du Futur, est un coup de maître en ce qu’elle a pris de court le Hezbollah, dans l’objectif d’ébranler le statu quo sur la présidentielle, figée dans l’équation « Aoun ou le vide ». Les lectures convergent toutefois sur l’embarras du parti chiite à l’égard d’un allié stratégique, auquel il ne serait pas près de renoncer en raison de la couverture chrétienne qu’il lui apporte sans relâche depuis février 2006. La nature des moyens par lesquels le parti chiite chercherait à convaincre son allié reste toutefois incertaine. Il reste que le député Sleiman Frangié pourrait être reçu dans les 48 heures à Rabieh par le général Aoun, apprenait-on hier soir de source informée. Il faut noter toutefois que le CPL a démenti hier, dans un communiqué, que le chef du bloc du Changement et de la Réforme ait prévu de recevoir « hier » le chef des Marada. Il a conféré, par contre, hier avec Nagib Mikati.

Pour les FL, par ailleurs, il n’est pas sûr que leur appui (hypothétique) à la candidature du général Aoun, aboutisse : si l’objectif en est de neutraliser la candidature de Sleiman Frangié, en vue de catalyser l’entente sur un candidat consensuel, il serait aventureux de dire que le général Michel Aoun irait jusqu’au bout de la manœuvre et renoncerait à sa candidature propre. À moins d’accepter que s’instaure, à nouveau, le blocage par la candidature du général Michel Aoun, c’est-à-dire une nouvelle prolongation du vide. Un vide auquel l’Iran lui-même ne serait pas défavorable, estime une source indépendante du 14 Mars, qui pense que le silence radio du Hezbollah n’est pas lié à des considérations locales, mais d’ordre stratégique. En clair, que le Hezbollah ne voudrait toujours pas d’un président au Liban.

Au milieu de cette confusion généralisée, Bkerké tente de jouer un rôle fédérateur, bien qu’ayant déjà pris une position de principe en faveur du compromis. Le patriarche prévoirait en effet de convoquer les pôles chrétiens à une réunion visant à unifier la position chrétienne. Une invitation que les FL pourraient d’ores et déjà décliner, apprend-on de source informée. Maarab en aurait assez de la thèse « mensongère » selon laquelle les quatre pôles maronites auraient conclu un accord quelconque lors de leur réunion sous l’égide du patriarche Raï, et qui sert aujourd’hui à justifier la candidature de Sleiman Frangié au plan chrétien, en dépit du refus tripartite CPL-FL-Kataëb.