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Frangié : Je suis plus que jamais candidat

C’est un Sleiman Frangié porteur d’un programme présidentiel détaillé mais surtout soucieux de rassurer aussi bien ses alliés que ses adversaires politiques qui est apparu hier sur le plateau de la LBCI, pour la première fois depuis que la solution de compromis envisagée pour débloquer la présidentielle et concoctée à Paris, avec notamment le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a été rendue publique.

Le chef des Marada a multiplié les messages dans toutes les directions, après avoir relaté les circonstances dans lesquelles le compromis, dont un des volets consiste à la hisser à la tête de l’État, a été élaboré « lors de réunions tenues secrètes », à Paris.
« Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le président de la Chambre, Nabih Berry, étaient cependant mis au parfum régulièrement », a-t-il précisé, mais pas le chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun. « Le Hezbollah était informé de chaque étape des pourparlers », a expliqué M. Frangié, en affirmant que le parti de Hassan Nasrallah soutenait sa candidature ainsi que celle du général Aoun.
Sleiman Frangié a souligné l’entente et l’ambiance amicale qui prévalaient au cours de ses réunions avec Saad Hariri. « Nous devions chacun consulter ses alliés avant d’annoncer l’initiative. Aussi, avions-nous décidé de la maintenir secrète, mais elle a fini par être filtrée à la presse et c’est à partir de ce moment que tout a foiré », a-t-il expliqué.

Il n’a pas caché ses réserves par rapport à la politique que le général Aoun suit depuis deux ans, en indiquant que ses relations avec lui sont « depuis, anormales, pour ne pas dire froides ». Il lui a reproché de bloquer la présidentielle en se présentant comme étant l’unique candidat à la tête de l’État. « Avec lui, il n’y a pas de plan B », a déploré le chef des Marada qui a plus tard exposé la différence de style entre lui et son allié du 8 Mars et critiqué la réaction hostile du CPL à sa candidature.
« Je n’ai jamais été demandeur alors que lui n’a pas hésité à se rendre à Paris via l’Italie, à bord de l’avion privé de Saad Hariri, à Clemenceau (auprès de Walid Joumblatt) et au siège de l’ambassade d’Arabie saoudite » pour booster ses chances d’accéder à la magistrature suprême. « Pourquoi une rencontre Aoun-Hariri serait-elle placée (par le CPL) dans un cadre consensuel alors que mes entretiens avec ce dernier doivent être interprétés comme si c’était le sunnite qui choisissait le président chrétien » ? a-t-il fulminé.

En réponse à une question, M. Frangié n’a pas écarté la possibilité d’un éventuel rôle de l’ancien ambassadeur américain, David Hale, dans le rapprochement avec Saad Hariri. Il a confirmé ses entretiens dimanche dernier, avec le président syrien, Bachar el-Assad, ainsi qu’avec Hassan Nasrallah, avant d’assurer en réponse à une question que « le compromis pour débloquer la présidentielle est maintenu ». Prié de dire s’il est toujours candidat à la présidentielle, il a répondu en ponctuant ses mots : « Aujourd’hui plus que jamais », mais en précisant qu’il « n’entreprendra aucune démarche sans consultations préalables avec ses alliés ».

« Je ne poignarderai jamais Hariri dans le dos »
Le chef des Marada s’est employé ensuite à expliquer les grandes lignes de ce qui peut être considéré comme son programme électoral, en prenant soin dans le même temps de rassurer ses adversaires politiques. Pour lui, l’essentiel est d’assurer les services de base à la population. « Rétablir l’électricité 24 heures sur 24 est beaucoup plus important que le rétablissement du rôle du Liban à l’échelle internationale », a-t-il avancé, avant d’expliquer, en réponse à une question, qu’il s’est « retrouvé à mi-chemin avec Saad Hariri ». « Il y a une volonté chez nous deux de sortir le pays de sa situation actuelle », a révélé M Frangié.
Il a assuré que le chef du courant du Futur n’a pas demandé à être nommé Premier ministre mais qu’il s’est prononcé pour un gouvernement d’union nationale. Sleiman Frangié s’est dit favorable cependant à sa nomination à la tête du gouvernement, « qui doit faire partie du compromis, au même titre que le général Aoun ». Il a particulièrement insisté sur le fait qu’il ne « le poignardera jamais dans le dos » et que « le mot de la fin reviendra en cas de désaccord au gouvernement ».

Sleiman Frangié a multiplié surtout les assurances à l’adresse de la communauté sunnite, en affirmant qu’il n’est pas question pour lui de réclamer une abolition du le Tribunal spécial pour le Liban, « même si certaines composantes du 8 Mars le souhaitent » ou d’élaborer une loi électorale qui serait préjudiciable pour Hariri, ou encore d’œuvrer à un amendement des prérogatives du président au détriment des sunnites. « Je ne ferais rien qui provoque les sunnites. Je ferai tout en coordination avec eux », a promis le chef des Marada, qui a ensuite fait part de son hostilité au régime policier. « Je prendrai des services de sécurité ce qu’ils offrent de positif mais je ne tolérerai pas leur aspect négatif », a-t-il insisté, en affirmant dans le même ordre d’idées qu’il n’est pas question pour lui de « tolérer des interventions qui seraient négatives pour le pays ».

M. Frangié répondait dans ce cadre à une question au sujet de ses rapports avec Bachar el-Assad. Il a mis l’accent sur le volet « amical et privé » de ses relations avec les Assad, après avoir mis en relief l’attachement « historique de sa famille à l’arabité ». Le chef des Marada a ainsi expliqué que des relations privilégiées sont maintenues avec la famille royale saoudienne. « La photo du roi Fayçal trône toujours dans mon bureau. Je ne l’enlèverai jamais. »

Sleiman Frangié a en outre souligné son attachement à l’accord de Taëf et affirmé qu’il envisage, si jamais il est élu, de s’entourer des dirigeants chrétiens.