DÉCHETS MÉNAGERS
Sur quatre dossiers présentés hier, trois ont été retenus en ce qui concerne l’appel d’offres pour la future gestion des déchets ménagers de la capitale. Mais l’amoncellement des déchets dans les rues et la nature se poursuit, inexorablement.
OLJ
La commission chargée de l’appel d’offres à l’intention des compagnies privées pour la gestion des déchets ménagers s’est réunie hier au siège du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) pour procéder à l’ouverture des plis des offres pour Beyrouth et ses deux banlieues. Le délai expirait hier à midi.
Cet appel d’offres est lié à la mise en application du Plan national de gestion des déchets, adopté par le gouvernement en janvier dernier. Ce plan divise le Liban en six régions (Beyrouth et banlieues, Mont-Liban nord, Mont-Liban sud, Nord et Akkar, Békaa et Hermel, et, enfin, Sud et Nabatiyé) devant être gérées par des compagnies privées (une même compagnie ne peut en principe être chargée de plus de deux régions). Deux précédents appels d’offres avaient permis de recueillir les dossiers de compagnies pour les cinq autres régions, seule Beyrouth n’avait pas encore bénéficié d’offres.
Quatre dossiers ont donc été présentés hier par des compagnies (ou plutôt des groupes de compagnies), dont trois ont été retenus : un dossier présenté par la compagnie libanaise CET (Consolidated Engineering and Trading) en collaboration avec la compagnie autrichienne Saubermacher et la compagnie émiratie Cost West ; un dossier présenté par la compagnie libanaise Lavajet (déjà active au nord) en collaboration avec Daniko (Italie) et Batco (basée au Liban mais présente au sultanat d’Oman, au Nigeria, aux Émirats arabes unis et à Bahreïn) ; enfin, un dossier présenté par « South for Construction » de l’entrepreneur libanais Riad el-Assaad avec la compagnie égyptienne Ama. Le quatrième dossier avait été présenté par la compagnie française Veolia – Moyen-Orient, mais il n’a pas été retenu en raison de lacunes dans les documents techniques et d’absence de garantie bancaire, a indiqué le ministre de l’Environnement Mohammad Machnouk. Le choix définitif des compagnies pour les six régions sera annoncé la semaine prochaine.
Prié de commenter l’appel d’offres qui a eu lieu hier, Riad el-Assaad, président de « South for Construction », a dit qu’il s’attendait à ce nombre d’offres pour la capitale, déclarant rester attaché à la technologie du RDF (« Refuse-Derived Fuel » ou combustible dérivé des déchets) qui permettrait de dépasser la problématique du manque de sites de décharge à Beyrouth, étant donné qu’elle laisse peu de résidus selon lui. Il a ajouté ne pas connaître les plans des autres compagnies qui se sont présentées pour contourner cette difficulté.
En effet, les décharges restent la difficulté majeure qui attend les compagnies, notamment dans la capitale. Une clause du contrat stipule qu’elles devaient assurer elles-mêmes les sites de décharge dans les régions dont elles auront la charge. Interrogé sur ce point hier, M. Machnouk a assuré qu’« il existe une clause dans le cadre de l’appel d’offres qui précise qu’au cas où les compagnies n’arriveraient pas à trouver un site de décharge, l’État les aiderait à le faire, sans esquiver ses responsabilités ».
- Machnouk a rappelé que les appels d’offres pour toutes les régions ont été finalisés, et que la commission chargée de leur examen plancherait désormais sur les dossiers, « étudiant les aspects légaux, administratifs, techniques et financiers ». « Dans quelques jours, nous annoncerons le résultat final des compagnies qui auront remporté les appels d’offres », a-t-il poursuivi, refusant de confirmer la date de mardi prochain, annoncée dans les médias. « Il faut donner à la commission le temps d’étudier suffisamment les dossiers, même si cela doit prendre deux ou trois jours de plus, a-t-il dit. Nous espérons présenter au public une vision globale de la solution envisagée la semaine prochaine. Nous nous dirigerons ensuite au Conseil des ministres pour approbation, en espérant avoir résolu cette crise à long terme. »
Un décret pour le déblocage des fonds municipaux
Alors que les appels d’offres se poursuivent, la crise urgente résultant de la fermeture de la décharge de Naamé le 17 juillet dernier, sans alternative, continue de provoquer l’amoncellement des déchets dans les rues ou dans des lieux de stockage temporaires, ne répondant le plus souvent à aucun critère environnemental (comme ces ordures brûlées dans les vallées par exemple). Même le choix des compagnies n’aura pas de résultat immédiat, puisque celles-ci auront besoin de plusieurs mois pour lancer leurs activités.
M. Machnouk a été interrogé sur ce point hier. « Nous avons demandé à Sukleen de continuer à offrir ses services et à assurer la propreté, sans renouvellement ou prolongation des contrats, a-t-il expliqué. Notre problème se résume à l’absence de décharge : nous travaillons à en assurer une, nous aurons peut-être des nouvelles à annoncer dans deux jours. »
Et le ministre d’ajouter : « Nous vivons une catastrophe écologique et nous sommes sur le qui-vive. Nous demandons à toutes les municipalités de jouer leur rôle dans le ramassage des déchets. Nous espérons aussi que les citoyens seront coopératifs afin que nous puissions désigner un site de décharge. On ne peut dire que le gouvernement a failli à sa tâche quand les cazas persistent à refuser l’établissement de décharges sur leurs terrains. »
Interrogé sur les revendications des municipalités qui exigent qu’on débloque leurs budgets pour répondre à la crise, le ministre a souligné que « l’argent des municipalités, provenant de la Caisse autonome des municipalités, peut être débloqué, comme l’a assuré le ministre des Finances ». « Mais, a-t-il ajouté, ce déblocage de fonds nécessite la signature d’un décret, et certaines forces politiques tardent à le faire. Elles sont appelées à coopérer au plus vite. »
68 municipalités ont demandé à Sukleen de collecter leurs déchets
Dans le cadre de sa conférence de presse, le ministre de l’Environnement, Mohammad Machnouk, a annoncé hier que « 68 municipalités ont demandé à Sukleen de collecter les déchets de leurs localités et de les décharger dans des zones qu’elles auront choisies ». Le ministre a donc appelé les municipalités à trouver des lieux provisoires pour le déchargement des déchets qui s’amoncellent dans les rues de leurs régions, en attendant une solution globale.