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Les Libanaises invitées à aller à l’assaut des municipals  

Maylis DARRAS 

Une campagne média, préparée par la Délégation de l’Union européenne au Liban et la Commission nationale de la femme libanaise, en collaboration avec le ministère libanais de l’Intérieur, a été présentée hier à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elle vise non seulement à les inciter à se rendre aux urnes lors des prochaines municipales qui devraient, si tout se déroule comme prévu, avoir lieu en mai, mais aussi et surtout à les encourager à se présenter aux élections.

L’objectif de cette campagne est d’augmenter sensiblement la participation des femmes à la vie politique, toutes régions et catégories sociales confondues. Cette opération se déclinera en panneaux publicitaires, ainsi qu’en un spot télévisé qui passera sur les chaînes libanaises et un minifilm qui souligne l’importance de l’implication des femmes dans la prise de décision politique.
Le lancement de la campagne a réuni Bilal Hamad, président du conseil municipal de Beyrouth, Christina Lassen, présidente de la Délégation de l’Union européenne au Liban, Fady Karam, secrétaire général de la Commission nationale de la femme libanaise (CNFL), Afifé Sayed, membre du conseil exécutif de la CNFL, ainsi que des représentants des mission diplomatiques des pays de l’UE, des organisations civiles, des universités et différents médias. La conférence a notamment été ponctuée des interventions de M. Hamad et de Mme Lassen.
Cette dernière a chaudement encouragé les Libanaises à entrer en politique, rappelant qu’« au sein de l’Union européenne, la participation des femmes à la vie politique a considérablement augmenté ces dernières années. En 2015, celles-ci représentaient 28 % de l’ensemble des membres des Parlements européens. Dans certains pays de l’UE, les chiffres grimpent bien plus haut, par exemple en Suède (43,6 %), en Finlande (41,5 %) ou en Espagne (40 %) ».

 

Une espèce en voie de disparition
Malgré ces chiffres encourageants, il faut reconnaître que les femmes restent largement sous-représentées en politique, surtout au Liban. Les Libanaises qui occupent des postes-clés au gouvernement sont une espèce en voie de disparition avant même que d’avoir existé. « Aujourd’hui, un seul ministre au gouvernement et seulement 4 membres du Parlement sont des femmes. Et étonnamment, ce sont les chiffres les plus bas de toute la région », a tenu à rappeler l’ambassadrice.

Il est d’autant plus difficile de faire bouger les choses lorsqu’on ne les contrôle pas, souligne la Délégation de l’Union européenne au Liban dans un communiqué. Si les femmes ne font pas l’effort de porter sur leurs épaules le pouvoir politique, et n’accèdent pas aux postes de prise de décision, leur situation risque de stagner, ou même de se dégrader, et ce malgré tous les accords en vigueur, poursuit la délégation.
En 1995, la conférence internationale sur les femmes qui s’est tenue à Pékin a fixé des résolutions que le Liban paraissait déterminé à tenir, à tel point que l’année suivante, le pays a adopté une stratégie nationale pour les femmes libanaises. Cette stratégie comprend entre autres le renforcement des opportunités pour les femmes dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, le combat contre toutes les violences faites à leur égard, le renforcement de leur participation à la vie économique… De beaux engagements qui tardent toutefois à se concrétiser.