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Le département de la Sécurité de l’État ou la sécurité de l’aéroport demain en Conseil des ministres

Le Conseil des ministres se tiendra de nouveau demain pour essayer de poursuivre l’examen de sujets aussi épineux que la sécurité de l’aéroport, où des failles sérieuses ont été détectées par des experts britanniques, l’exploitation illégale de réseaux Internet étrangers, Sukleen ou encore le réseau de prostitution démantelé à Jounieh. Des sujets brûlants sur lesquels l’équipe de Tammam Salam n’avait pas pu plancher jeudi en raison de la querelle autour du département de la Sécurité de l’État, bloqué depuis des mois parce qu’il n’obtient pas les fonds qui lui sont dus à cause d’une décision du ministère des Finances d’imposer à son directeur grec-catholique, Georges Karaa, de faire contresigner toute décision qu’il prend par son adjoint chiite, Mohammad Toufayli, pour que celle-ci soit exécutoire.

Or jusqu’à hier soir, rien ne présageait un déblocage. Pourtant, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a multiplié les réunions au cours du week-end dans l’espoir de parvenir à une formule de solution avant la réunion de mardi qui risque d’être aussi houleuse que celle de jeudi. M. Pharaon a notamment tenu une réunion vendredi avec le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, sans que celle-ci n’aboutisse. Samedi, il s’est concerté avec le président des Kataëb, Samy Gemayel, autour du même sujet, dans le cadre des consultations engagées sur cette affaire entre les responsables chrétiens. Hier, M. Pharaon a rappelé que ce dossier n’est pas confessionnel mais politico-sécuritaire, répondant ainsi indirectement au ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, qui avait soulevé ce point vendredi. M. Pharaon, qui doit tenir aujourd’hui une conférence de presse axée sur cette affaire, a ainsi accusé ceux qui situent le débat autour de ce dossier dans un cadre confessionnel de « pratiquer une intimidation et de se dérober à leurs responsabilités ».

Exagération

La réponse du ministre de l’Intérieur n’a pas tardé. M. Machnouk est revenu à la charge en soirée dans le discours qu’il a prononcé à l’inauguration du siège du Conseil municipal de Jeïta, en mettant en garde contre « les batailles autour de petits rêves alors que nous risquons de perdre le pays » et en exprimant le souhait que « les chrétiens n’exagèrent pas en parlant d’injustice au point de faire d’un fonctionnaire auprès d’un ministère le symbole de la présence chrétienne dans un pays ou une région ».

Le problème reste donc entier et va au-delà d’une simple question de prérogatives et de représentation confessionnelle pour toucher à l’essence même de la gestion des affaires publiques. À l’origine de ce problème, une façon de voir et d’agir différente entre le directeur général et son adjoint sur des questions d’ordre financier et administratif. De sources proches du dossier, on indique que le général Karaa désapprouve des propositions de son adjoint qui réagit en s’abstenant de contresigner des décisions pourtant essentielles pour le bon fonctionnement de la Sécurité de l’État. Le Premier ministre, Tammam Salam, a tenté à un moment de se saisir du dossier, avant de renoncer devant l’ampleur du différend entre les deux hommes.

On craint que la poursuite du débat sur ce dossier n’empêche le gouvernement de s’attaquer demain à celui de la sécurité de l’aéroport. Tammam Salam est pourtant déterminé à le régler, non seulement à cause des failles décelées, mais parce qu’il y va aussi de la crédibilité de l’État en raison de ses engagements à l’égard de compagnies internationales. La Grande-Bretagne a récemment accordé aux FSI un don en équipements d’environ 20 millions de dollars. Si le Liban ne fait rien pour remédier à ces lacunes, plusieurs compagnies aériennes risquent de cesser de le desservir.

Pour en revenir à l’inauguration du nouveau siège du conseil municipal de Jeïta, il y a lieu de préciser qu’elle s’est déroulée devant un parterre impressionnant de personnalités, dont le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, et le nonce apostolique, Mgr Gabriele Caccia. Mgr Raï est revenu à la charge au sujet de l’élection d’un président de la République et M. Machnouk lui a fait écho en critiquant sans le nommer le CPL, lui reprochant une interprétation farfelue de la Constitution qui ne prévoit pas l’élection « du plus fort au sein de sa communauté ». « Le président de la Chambre, Nabih Berry, n’est pas le plus fort au sein de sa communauté et les chefs de gouvernement qui ont succédé à Rafic Hariri ne sont pas les plus forts au sein de la leur », a-t-il dit, en appelant au respect des critères définis par Bkerké pour le choix d’un candidat à la présidentielle.