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À Beyrouth, la « liste de la parité et du vivre-ensemble » voit enfin le jour

C’était hier l’événement politique de la journée. Après un mois de tractations épuisantes, la « Liste des Beyrouthins » pour les élections au conseil municipal de Beyrouth, le 8 mai prochain, a été annoncée dans l’après-midi par Jamal Itani, qui brigue la présidence du conseil municipal. C’est « la liste de la parité, la liste du vivre-ensemble », a claironné Saad Hariri, depuis la Maison du Centre, en annonçant que l’accord s’est fait.

Les 23 autres membres de la liste sont : Mounir Sinjabi, Aram Milian, Rami Issam Ghaoui, Ragheb Haddad, Hoda Osta, Mathilda Khoury, Élie Andréa, Yousra Sidani, Sleiman Jaber, Fadi Chahrour, Joseph Roufayel, Adnan Omeirat, Hagop Tarazian, Bilal Masri, Sohak Kechichian, Abdallah Darwiche, Gabriel Ferneini, Mohammad Saïd Falha, Élie Yahchouchi, Khalil Choucair, Tony Siriani, Imad Beydoun et Joseph Traboulsi.
L’annonce de la liste a été faite en présence notamment du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, des députés Atef Majdalani, Ammar Houri, Mohammad Kabbani, Jean Oghassabian, Serge TerSarkissian, Nadim Gemayel, Sebouh Kalpakian, Hani Kobeissi et Imad Hout, de l’ancien ministre Bassem Sabeh et du coordinateur des Forces libanaises à Beyrouth Imad Wakim.

L’accord sur la liste qui, la veille, semblait encore hors d’atteinte s’est fait au terme d’ingénieux dosages en vertu desquels un même candidat a pu être considéré proche de deux courants, partis ou camps distincts. Ces accords à l’amiable entre deux courants chrétiens ont sauvé la mise et empêché que les candidats chrétiens ne soient imposés par la force des choses. La plupart des candidats, sinon tous, sont proches d’un camp ou d’un autre, sans en être formellement membres. La liste, qui compte également des indépendants ou des personnalités « neutres » politiquement, comprend autant de chrétiens que de musulmans, une tradition établie par Rafic Hariri et considérée désormais comme intangible.

Bataille politique annulée
Au finish, les courants, partis et personnalités suivants ont été représentés parmi les douze candidats chrétiens comme suit au sein de la liste : Forces libanaises, Kataëb, CPL, Michel Pharaon, Tachnag, Henchak, courant du Futur, le métropolite Élias Audi, et deux candidats indépendants ou encore polyvalents. La vice-présidence, a-t-on décidé, ira à Élie Andréa, candidat du métropolite. Quant aux douze candidats, ils sont pour leur majorité haririens. On note la présence de personnalités apparentées au mouvement Amal de Nabih Berry.

Cette liste affrontera une autre liste complète, celle de Beyrouth Madinati, une liste incomplète, celle du tandem Charbel Nahas-Ghada Yafi, comprenant seulement quatre candidats, et une liste de surenchère musulmane qui prône une représentation non paritaire des chrétiens et des musulmans dans la liste, dans une proportion respective de 40 % et 60 %.

Mais à première vue, il y a peu de chances que la liste éléphantesque de Saad Hariri puisse être inquiétée. En effet, si elle respecte la parité, cette liste annule les choix et la bataille politique par sa très large représentativité.
Les revirements de dernière heure qui ont permis à la liste de finalement se former étaient, d’ailleurs, en partie motivés par le souci de ne pas affaiblir une liste qui, autrement, aurait couru le risque d’être percée par des candidats venus d’autres listes. « Avec moins de conséquences », disions-nous plus haut, car les programmes des candidats aux municipales se ressemblent comme deux gouttes d’eau, et prétendent tous pouvoir transformer un enfer en paradis.

C’est ainsi que M. Itani a commencé, avant même d’être élu, à promettre aux électeurs que leur capitale sera « propre et verte » – on verra bien –, que leurs déchets seront triés à la source grâce à « des usines modernes » qui apporteront « une solution finale aux ordures de Beyrouth ». M. Itani se promet aussi de « réhabiliter les plages publiques et nettoyer les rivages de Beyrouth », d’augmenter les espaces verts, de créer des parcs et d’ouvrir leurs portes au public, de planter des arbres sur le bord des routes et d’illuminer les rues…
Heureux Beyrouthins, il ne vous reste plus qu’à accrocher vos hamacs sur vos balcons et écouter le concert des klaxons s’élever des bouchons d’une capitale saturée de voitures. Mais là aussi, tout est prévu dans le plan d’action de la liste. Pour résoudre la crise du trafic automobile à Beyrouth, la liste se promet « de compléter le développement des infrastructures », d’enlever les barrières et les blocs en béton qui empêchent les voitures de stationner, de dégager les trottoirs, de mettre en place de nouveaux parkings, d’introduire des lignes de bus organisées, de préparer l’infrastructure nécessaire pour encourager l’utilisation en toute sécurité des vélos dans la ville…