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Kahwagi depuis Ersal : « À la frontière, l’initiative militaire nous appartient »

Le ministre de la Défense, Samir Mokbel, et le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, se sont rendus, hier, à Ersal pour inspecter les unités militaires stationnées dans la localité. Du champ de bataille, le général Kahwagi devait assurer que les tiraillements politiques « n’affecteront pas les performances » de l’institution militaire, exhortant la troupe à rester soudée et « attachée au vivre-ensemble ».
« La protection des frontières est totalement entre les mains de l’armée, a encore dit le numéro un de l’institution. C’est elle qui a l’initiative militaire. »

Le message du général Kahwagi intervient au moment où son rôle est critiqué ouvertement par le CPL du général Michel Aoun. Le général Aoun avait même affirmé que la troupe à Ersal « manque à son devoir » de défense du territoire.
À son tour, le cheikh Akl de la communauté druze a réagi hier en invitant les politiciens « à garder l’armée à l’écart des tiraillements internes ». À son exemple, beaucoup de responsables, essentiellement du 14 Mars, invitent les Libanais non seulement à ne pas critiquer la troupe et ses réalisations, mais aussi à apprécier à leur juste mesure les véritables exploits que l’armée et les services de sécurité accomplissent, au service de la nation tout entière. Le meilleur exemple en étant, tout dernièrement, l’arrestation du cheikh Ahmad al-Assir par la Sûreté générale.

Mokbel : Sans nourriture et sans solde ?
Par ailleurs, dans un entretien avec l’agence al-Markaziya, le ministre de la Défense a évoqué, hier, à Yarzé, les répercussions sur la troupe, de la paralysie du gouvernement. « Comment les hommes politiques peuvent-ils demander à la troupe d’assurer la sécurité à la frontière et la stabilité du pays alors que tout manque aux militaires ? » s’est-il interrogé devant les journalistes, soulevant ainsi la grave question de la solde de la troupe. Et de noter que « son ministère a besoin de sécuriser, avant le début du mois de septembre, 19 milliards de livres pour assurer la nourriture des militaires et 234 milliards de livres pour leurs salaires ». « Il faudra dans ce cadre ouvrir un crédit avant le début du mois de septembre », a-t-il martelé. « Dans le cas contraire, nous assisterons à une situation sans précédent, à laquelle nous n’avons pas fait face même durant les pires moments de la guerre : une armée sans nourriture et sans salaires », a-t-il dit.

Les parents d’otages
Sur un autre plan, une délégation des parents des militaires détenus par le groupe État islamique dans le jurd de Ersal s’est rendue, hier, dans la localité frontalière espérant une rencontre avec leurs proches otages, mais en vain. « Nous étions une dizaine de personnes, des hommes et des femmes, des proches de quatre militaires détenus : Ibrahim Mghayt, Khaled Mokbel, Hussein Ammar et Mohammad Youssef », a indiqué à L’Orient-Le Jour l’épouse de Mohammad Youssef, Ghenwa.
« Nous sommes arrivés à Ersal. Nous avons dépassé le barrage de Wadi Hmayed et nous sommes entrés en contact avec des membres du groupe État islamique. Nous les avons attendus dans un endroit, en plein jurd, qu’ils nous avaient indiqué », ajoute-t-elle.
Ghenwa souligne qu’une cinquantaine de miliciens du groupe État islamique sont venus à leur rencontre. « Ils n’avaient pas un accent libanais. Nous avons attendu trois heures sous le soleil. Puis ils nous ont signifié que la visite avait été annulée pour des raisons de sécurité », rapporte-t-elle, notant que « les parents des détenus ne se rendront plus de sitôt à Ersal ».
Selon une source informée, les miliciens de l’EI ont adressé un message verbal au général Abbas Ibrahim par l’intermédiaire des parents d’otages