Le groupe aouniste dissident dénonce notamment une mauvaise gouvernance et des violations des statuts du parti.
PARIS, d’Élie MASBOUNGI | OLJ
Scission, contestation ou simple demande de réforme ?
Des militants du Courant patriotique libre (CPL) ont tenu hier à Paris une conférence de presse pour protester contre la direction du parti de Michel Aoun et critiquer en termes sévères la « mauvaise gouvernance » de la formation aouniste. Il s’agit de deux membres de la liste formée par Ziyad Bayeh pour croiser le fer au scrutin qui devait désigner le successeur du général Michel Aoun à la tête du CPL. On sait qu’à la suite de contacts parfois mouvementés, il a été convenu que M. Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères, a été désigné pour prendre la tête du parti.
Hier donc, deux colistiers de Ziyad Bayeh, Farès Louis et Élie Maalouf, se sont présentés aux journalistes comme des frondeurs regroupés sous l’appellation « Orange Reform ». M. Bayeh, qui était en liaison audio avec l’assistance, a donné le coup d’envoi de la contestation par un mot dans lequel il a dénoncé des irrégularités dans l’organisation de cette élection et de graves violations des statuts du CPL qui ont poussé un groupe de militants à élever la voix après avoir plus d’une fois, a-t-il dit, protesté contre cet état de choses.
- Louis et Maalouf devaient prendre la parole à leur tour pour rappeler que « Orange Reform a été créé en août 2014 et n’a cessé depuis de discuter avec les autres instances du parti pour signaler des dysfonctionnements et un mécontentement ressenti auprès d’un grand nombre de militants au Liban et dans les rangs des sections d’outre-mer ». « Nous n’avons obtenu aucune réaction à nos observations et réserves malgré nos notes écrites résumant nos griefs », a affirmé Farès Louis qui a rappelé que ses camarades et lui maintiennent leur allégeance au général Michel Aoun en tant que président et fondateur du CPL, ajoutant que leur vœu le plus cher est de le rencontrer pour expliciter leur position, mais que leurs demandes dans ce sens n’ont pas eu de réponse.
« Nous sommes prêts à nous rendre demain à Rabieh pour discuter avec le général la question de notre candidature », ont dit les deux militants dénonçant au passage un amendement du règlement intérieur du CPL sans en référer à la base et à l’organisme fondateur du mouvement aouniste. Ils ont ajouté qu’ils avaient déjà adressé une lettre au chef du parti lui demandant de suspendre les modalités du scrutin du 20 septembre qui, selon eux, devait se tenir « en vertu d’un règlement illégal sans commission de contrôle et sur la base de listes d’émargement contestées et truffées de contradictions ».
Farès Louis a évoqué le fait que son groupe a tenté d’établir un dialogue avec le député Alain Aoun, ex-candidat et concurrent de M. Bassil, pour lui exprimer son soutien mais que des pressions ont été exercées sur le parlementaire pour qu’il se retire de la course… Il a par ailleurs dénoncé la radiation de certains militants vingt-quatre heures avant la « nomination » de Gebran Bassil, sans enquête ni recours aux instances disciplinaires du parti.
Élie Maalouf, membre de la liste « Orange Reform », devait ensuite donner lecture de la liste des revendications des contestataires, rappelant les sacrifices des militants de la première heure et notamment ceux du général Aoun et de ses compagnons de lutte.
Par ailleurs, Antoine Chedid, président du RPL (branche française du CPL) a déclaré, en réponse à l’un de nos confrères parisiens, que les amendements aux statuts du CPL ont été décidés par une majorité écrasante des militants et que « Orange Reform » est formé d’un tout petit groupe d’adhérents « peu représentatif » en France et dans le monde et que ce groupe réclame des élections sur la base d’un ancien règlement. M. Chedid a enfin affirmé que le retrait du député Alain Aoun a été décidé dans le cadre d’une concertation « pleinement démocratique ».