Le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, s’est entretenu le week-end dernier avec Wafic Safa, un haut responsable du Hezbollah. Si plusieurs observateurs estimaient que cette rencontre permettrait aux tractations en vue de la formation du cabinet d’enregistrer un progrès, les proches de M. Bassil semblent vouloir réduire l’entretien à une rencontre « ordinaire » entre les deux responsables.
Il est très normal de voir Gebran Bassil s’entretenir avec Wafic Safa, indiquent à L’Orient-Le Jour des proches du chef du Courant patriotique libre.
Dans les mêmes milieux, on va jusqu’à affirmer que la relation entre le CPL et le Hezbollah est « très bonne ». On en veut pour preuve les propos tenus par M. Bassil à l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme tenue hier à Rabieh, dans lesquels le chef du CPL a déclaré sans détour que « la relation avec le Hezbollah est aujourd’hui plus solide que jamais ».
De sources politiques bien informées, on apprend que Gebran Bassil a profité de son entretien avec Wafic Safa pour mettre les points sur les i et assurer qu’en dépit de l’accession du général Michel Aoun à la tête de l’État, le courant aouniste est toujours attaché au document d’entente qu’il a signé avec le parti chiite, il y a une décennie.
Les mêmes sources indiquent aussi qu’à travers cet entretien, le chef de la diplomatie a adressé un message politique au président de la Chambre, Nabih Berry, représentant le tandem Amal-Hezbollah aux négociations gouvernementales : personne ne pourra semer la discorde ente chrétiens et chiites.
Dans le même ordre d’idées, les sources précitées préfèrent mettre l’accent sur les propos tenus par M. Bassil à l’issue de la réunion du bloc aouniste. Selon ces sources, tout comme M. Bassil a rassuré le Hezbollah, il a voulu affirmer aux autres formations politiques que le nouveau mandat de Michel Aoun est ouvert à tout le monde et veut recouvrer les droits des chrétiens, sans pour autant porter atteinte au reste des partis politiques. Dans les mêmes milieux, on ne manque toutefois pas de souligner que les déclarations du chef du CPL ont défini les relations du nouveau mandat avec le mouvement Amal, le Hezbollah, le courant du Futur, ainsi qu’avec le reste des protagonistes. C’est dire que le CPL n’entend aucunement « isoler » les Marada (de Sleiman Frangié) – ou toute autre composante politique – comme le prétend le président de la Chambre, note-t-on.
Quel impact sur les négociations gouvernementales ?
Le discours « rassurant » de Gebran Bassil affectera-t-il les contacts menés pour permettre à la nouvelle équipe ministérielle de voir le jour ?
Selon les sources précitées, c’est le timing des propos de M. Bassil qui est important et porteur de plusieurs messages politiques : le chef du CPL s’est adressé à ses compatriotes quelques jours après l’appel du président de la République invitant toutes les formations politiques à « lui faire part de leurs appréhensions », indique-t-on avant de poursuivre : il intervient aussi près de 48 heures avant un discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans le cadre duquel on s’attend à ce que le numéro un du parti chiite exhorte les protagonistes à former le cabinet dans les plus brefs délais.
Face à ce tableau positif, nombreux sont ceux qui estiment que le dernier nœud entravant encore la mise sur pied du cabinet de Saad Hariri est entre Bnechii et Aïn el-Tiné. Sleiman Frangié tient en effet toujours à ce qu’il appelle (son) « droit » à un portefeuille ministériel « consistant », comme condition préalable à sa participation au premier gouvernement du mandat Aoun. Nabih Berry, lui, va jusqu’à lier la présence du mouvement Amal (et donc du Hezbollah) à la prochaine équipe ministérielle à celle des Marada.
Interrogés à ce sujet par L’OLJ, des visiteurs de Aïn el-Tiné font savoir que le président de la Chambre est actuellement dans une phase d’expectative. Il attend les prochaines étapes qu’effectuera le Premier ministre désigné. Les visiteurs assurent, par ailleurs, que M. Berry accorde la priorité à la mise en place d’une loi électorale, à même de renouveler la classe politique libanaise