C’est entre les deux séances législatives que le Conseil des ministres a tenu hier sa séance hebdomadaire au Grand Sérail, sous la présidence du chef du gouvernement, Saad Hariri. À la faveur de l’atmosphère « positive » qui règne dans le pays depuis l’accession de Michel Aoun à la tête de l’État, les ministres ont réussi à approuver l’intégralité de l’ordre du jour de la séance, lequel portait principalement sur des dons.
Des sources ministérielles indiquent dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que « la séance gouvernementale s’est tenue dans une atmosphère calme et s’est soldée par une série de “décisions ordinaires” ».
Hariri : Priorité aux législatives
Prenant la parole au début de la séance, Saad Hariri s’est félicité de la teneur du discours prononcé mardi par le président de la République, Michel Aoun, devant le corps diplomatique. « La priorité du gouvernement est celle d’organiser les législatives (prévues en mai prochain) », a assuré M. Hariri avant de poursuivre : « Nous n’avons ni l’intention ni le désir – implicite ou explicite – de proroger à nouveau le mandat de la Chambre. Et toutes les forces politiques représentées au sein du cabinet sont invitées à appliquer cette orientation, tout comme elles sont concernées par le vote d’une nouvelle loi électorale aux critères unifiés et à même d’assurer une juste représentation. »
Commentant la Conférence de Paris sur la paix au Proche-Orient, le Premier ministre a rappelé que celle-ci a affirmé que « l’édification de deux États israélien et palestinien est susceptible de mettre fin au conflit israélo- arabe ». Il a toutefois noté que l’État hébreu œuvre pour mettre en échec cette éventualité.
Selon le Premier ministre, « la seule solution est celle axée sur l’initiative arabe de paix, ainsi que sur l’édification d’un État palestinien ». Il a ajouté que « la politique israélienne de colonisation vise à imposer un fait accompli qui torpillerait tout processus de paix, sachant que la Conférence de Paris a adopté la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, qui condamne la colonisation et invite l’État hébreu à y mettre un terme immédiatement ».
Saad Hariri a, en outre, assuré que « le Liban restera attaché à l’unanimité arabe ainsi qu’aux droits de ses frères palestiniens, dont notamment leur droit de retour ». « Nous resterons attachés au refus catégorique de l’implantation, conformément à nos textes constitutionnels », a-t-il noté.
Concernant l’attentat perpétré le jour de l’An contre la boîte de nuit Reina à Istanbul et qui a coûté la vie à trois Libanais, M. Hariri a affirmé être en contact permanent avec les autorités turques pour se tenir informé des derniers développements de l’enquête menée avec l’auteur du carnage.
Les déchets
Durant la séance, le Conseil des ministres a abordé le dossier de l’Aviation civile, menacée par des mouettes survolant le dépotoir de Costa Brava à Choueifate. Il a confié dans ce cadre à la commission chargée du dossier la mission de mener un « examen profond » du don offert au Liban pour résoudre ce problème épineux. Il s’agit de 16 machines dont avait fait état le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, à l’issue d’une réunion tenue la semaine dernière au siège du ministère de l’Intérieur, à Sanayeh, pour discuter de la sécurité de l’aéroport à la lumière de l’amplification de l’affaire de Costa Brava. Selon M. Machnouk, « certaines parties ont offert ces équipements destinés à faire fuir les oiseaux ».
Interrogé à ce sujet par L’Orient-Le Jour, Tarek el-Khatib, ministre de l’Environnement, fait savoir que « le Conseil des ministres a discuté de cette affaire pour tenter de trouver une solution au problème des mouettes survolant le dépotoir ». « Les machines qu’a évoquées M. Machnouk seront installées à partir de vendredi (demain) sur le site de la décharge », a indiqué M. Khatib.
Selon le ministre de l’Environnement, « la meilleure solution serait celle qui garantirait la sécurité des voyageurs et celle des oiseaux à la fois ». Concernant une éventuelle fermeture du dépotoir de Costa Brava, M. Khatib a souligné que « cette option n’est pas envisagée dans la mesure où le site en question est l’un des piliers du plan Chéhayeb, destiné à résoudre la crise des déchets ».
Désaccords…
Si le cabinet Hariri veille à ce que ses séances hebdomadaires soient fructueuses, cela n’occulte aucunement quelques divergences de points de vue autour de plusieurs dossiers, dont notamment celui du pétrole, reporté à la prochaine séance du gouvernement prévue mercredi prochain à Baabda, sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun.
Des sources bien informées expliquent cette décision par une « divergence des points de vue » entre les ministres des Finances, Ali Hassan Khalil, et de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil, à ce sujet.
De leur côté, des proches des participants à la séance d’hier font savoir à L’OLJ que les participants ont préféré reporter le dossier pour poursuivre les débats en cours dans ce domaine et pour permettre au chef de l’État de prendre part aux discussions concernant ce dossier épineux.
Outre le désaccord autour du pétrole, la séance du Conseil des ministres a témoigné d’une divergence de points de vue portant sur la Conférence pour la paix au Moyen-Orient tenue à Paris. Alors que plusieurs ministres se sont félicités de la conférence, notamment de l’appui des États participants à une solution du conflit israélo-palestinien axée sur deux États, ainsi qu’à l’initiative arabe pour la paix approuvée à Beyrouth en 2002, le ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, a mis l’accent sur l’absence du Liban lors de cette conférence. De sources bien informées on apprend que M. Bou Assi a insisté sur l’importance de la présence du Liban à ce genre de conférences, tant pour leur impact sur la scène internationale que pour renforcer les relations du Liban avec le reste du monde, en particulier avec la France.
Prenant la parole, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a répondu aux propos de M. Bou Assi. Selon le chef de la diplomatie, « le Liban n’a pas pris part à la Conférence de Paris parce que le droit de retour des réfugiés palestiniens ne figure pas dans les résolutions de la conférence ». Gebran Bassil a souligné aussi que les résolutions ont « totalement occulté l’initiative arabe pour la paix ». Ces propos ont suscité une réaction de Pierre Bou Assi. Selon lui, « le Liban devrait participer et émettre des réserves, s’il y a lieu ».
De leur côté, les ministres du Hezbollah se sont opposés aux résolutions de la Conférence de Paris, apprend-on de sources bien informées.