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« 40 milliards de plus aux déplacés, j’ai honte », s’insurge Kouyoumjian

Fady NOUN

Le ministre des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian (Forces libanaises), a dénoncé hier l’augmentation imprévue de 40 milliards de livres du budget du ministère des Déplacés. « J’ai honte ! » s’est-il écrié, sous-entendu des institutions sociales qui mendient leurs arriérés.

« Mon cher collègue, a dit le ministre des AS sur son compte Twitter, s’adressant à son confrère Ghassan Atallah (CPL), ministre des Déplacés, nous sommes les premiers à réclamer le classement définitif des dossiers toujours en suspens des déplacés de la Montagne, en toute transparence, loin de tout clientélisme. Par contre, nous sommes hostiles à toutes les entourloupes de dernière minute qui se concluent en Conseil des ministres. Pourquoi, soudain, glisser inopinément ces 40 milliards, sans que le moindre plan n’existe pour les dépenser ? »

« J’ai honte, a poursuivi le ministre. On ajoute 40 milliards de livres au budget d’un département qui a déjà dépensé des centaines de millions de dollars durant les 30 dernières années, alors que l’État se dit incapable de régler les arriérés des institutions en charge des personnes à besoins spéciaux, qui se chiffrent par milliers. »

À son collègue qui a convenu qu’aucun plan d’indemnisation n’a été soumis au Conseil des ministres au sujet des modalités de dépense des 40 milliards, mais qui a repris à son compte la fable de l’existence d’institutions sociales « fictives » qui détournent les indemnités accordées par l’État, M. Kouyoumjian a dénoncé l’usage de ce « prétexte usé » pour discréditer les institutions existantes.

Interrogé sur ce rebondissement, Ismaïl el-Zein, qui dirige l’institution al-Hadi pour malentendants et malvoyants, boulevard de l’aéroport, et fait partie de la Fédération des institutions à vocation sociale, a rappelé que le budget des Affaires sociales a été amputé de 3 milliards, alors même que les deux derniers trimestres de 2018 n’ont pas encore été payés, que les contrats de 2019 n’ont pas été conclus avec des institutions servant 10 000 personnes à handicap, sans compter les autres catégories sociales vulnérables, soit 30 000 orphelins, sans-abris et adolescents en situation de risque.

« Nous refusons de nous transformer en organismes asilaires », a déclaré le responsable. Nos institutions ne peuvent suivre des programmes d’austérité. Sans l’argent, nous ne pouvons régler les salaires de nos éducateurs spécialisés et du personnel administratif, et donc nous fermerons nos portes. Que l’État assume ses responsabilités. »

Ismaïl el-Zein a conclu en affirmant que les institutions concernées allaient rencontrer le ministre des Affaires sociales aujourd’hui ou demain et lui faire part d’une décision qu’ils prennent « à contrecœur, mais contraints ».a