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L’ouverture du front du Sud n’est pas envisagée…

Alors que l’offensive israélienne à Gaza entre dans son vingt-cinquième jour, le Liban continue de jouir d’un calme relatif en dépit de tentatives il y a une dizaine de jours de l’entraîner à son tour dans une nouvelle guerre contre Israël. On se souvient de la série d’obus qui avaient été lancés sur la Galilée à partir du Liban et qui avaient entraîné une riposte de la part de l’armée israélienne. Un homme avait été arrêté puis relâché, et puis il y a eu un black-out total autour de l’enquête et ses résultats. Pourtant, grosso modo, le calme règne de nouveau au Sud, et selon les informations en provenance de la région et de la Finul, en particulier, il n’y a pas d’indices indiquant une possibilité d’embrasement de ce front.
Il reste que certains articles de presse publiés ces derniers jours laissent entendre que des parties palestiniennes auraient sollicité une contribution du Hezbollah et de la Syrie pour l’ouverture de nouveaux fronts avec Israël afin de permettre à Gaza de souffler un peu. Les rumeurs ont commencé à se multiplier, mais aussi bien le président syrien dans son discours d’investiture que le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours se sont contentés de déclarer leur appui essentiellement politique à la résistance palestinienne.

Une source diplomatique occidentale confie sous le couvert de l’anonymat ne pas croire à cette possibilité. Elle estime que les rumeurs sur l’ouverture d’un nouveau front s’inscrivent essentiellement dans le cadre de la polémique interne libanaise. L’idée serait de trouver un nouveau sujet qui mettrait à mal le Hezbollah puisque, en plus d’être accusé d’entraîner le Liban dans la guerre en Syrie, il serait mis sur la sellette pour vouloir entraîner cette fois le Liban dans un nouvel affrontement avec Israël afin d’aider les Palestiniens. Ce qui conforterait aussi l’image que certaines parties libanaises ont de lui, d’être un instrument entre les mains de la République islamique d’Iran dont il adopte l’agenda. Mais la source diplomatique occidentale précise qu’il n’y a aucun indice qui permet de prédire une nouvelle guerre entre le Liban et Israël, pour la raison très simple que ni le Hezbollah ni Israël ne souhaitent se lancer dans une nouvelle aventure militaire. D’une part, le Hezbollah concentre son attention sur la guerre en Syrie et notamment dans la région du Qalamoun, et, d’autre part, Israël a du mal à gérer l’offensive de Gaza qui en est à son vingt-cinquième jour sans qu’aucun des objectifs annoncés n’ait été atteint et alors que l’image d’Israël est en train de se détériorer dans l’opinion publique internationale.
Selon la source précitée, ce qui s’est passé il y a une dizaine de jours était toutefois réellement une tentative de créer des problèmes au Hezbollah et de le mettre en difficulté au moment où il est plongé dans une nouvelle bataille rude et difficile dans le jurd du Qalamoun, où se sont réfugiés quelque cinq mille combattants, dont certains se battent désormais sous la bannière de l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL, ou encore Daech). La source diplomatique révèle ainsi que dès qu’il est apparu que l’offensive israélienne à Gaza était en train de piétiner et que les Israéliens avaient été pris de court par le savoir-faire de la résistance palestinienne, des parties régionales et occidentales auraient sollicité la contribution de l’Iran pour tenter de calmer le jeu, et surtout pour pousser la branche armée du Hamas ainsi que les autres organisations palestiniennes qui se battent à Gaza à accepter un accord de cessez-le feu ou au moins une trêve de longue durée. La réponse iranienne aurait été ferme et claire : il n’est pas question pour la République islamique d’intervenir à ce niveau. C’est alors, ajoute la source diplomatique occidentale, que des obus ont commencé à être envoyés vers la Galilée à partir du Liban. Si un des coupables a été rapidement identifié et arrêté avant d’être relâché, parce qu’il s’agissait d’un individu ayant agi sous le coup de la colère, l’enquête a montré que les autres appartenaient à des organisations palestiniennes présentes dans les camps mais marginalisées. Les services de sécurité les ont aussi identifiés, mais il a été convenu de ne pas médiatiser l’affaire et de laisser les forces palestiniennes en charge de la sécurité des camps mettre un terme à leur activité. Selon les services de sécurité, ces organisations marginales sont souvent des instruments entre les mains de différents services de sécurité arabes et autres. L’affaire en est restée là, et les forces de sécurité palestiniennes ont pris en main la situation, interdisant à ces groupes la moindre action suspecte. En conclusion, la source diplomatique occidentale est convaincue que la situation au Sud est sous contrôle et que même s’il y a de temps à autre des incidents, un plan de déstabilisation n’est pas envisagé. C’est d’ailleurs aussi le climat qui règne dans les milieux de la Finul.
Par contre, la situation au nord du Liban et dans la Békaa continue d’inquiéter les responsables qui suivent attentivement les détails de la bataille qui se déroule dans le jurd de Ersal et du Qalamoun. L’objectif de cette bataille à laquelle participe le Hezbollah est de pacifier la frontière libanaise avec la Syrie et d’empêcher les combattants islamistes de faire la jonction avec le Nord, et en particulier avec Tripoli, où le plan de sécurité tient bon, mais où le feu continue de couver sous la cendre. Mais cela, c’est une autre histoire…