Recueillement sur la tombe de Wissam el-Hassan, manifestation devant le tribunal militaire, réactions en flèche de faucons comme de colombes du 14 Mars et au-delà le jugement rendu par le tribunal militaire dans l’affaire Michel Samaha a soulevé des passions qu’on croyait endormies.
Condamné à 4 ans et demi de détention, et compte tenu des années déjà passées en prison, il ne resterait à Michel Samaha que 7 mois de prison à purger. Une clémence insupportable, aux yeux des adversaires d’un homme dont l’arrestation, croient-ils, a coûté la vie à Wissam el-Hassan, l’ancien directeur général des renseignements des FSI.
L’ancien député est-il uniquement coupable d’avoir transporté et livré des explosifs, ou a-t-il pris part au complot ourdi en dehors des frontières pour semer la discorde confessionnelle au Liban ? C’est tout le système judiciaire, et en particulier ce tribunal d’exception qu’est le tribunal militaire, qui est ainsi contesté par certains.
Le Conseil supérieur de la magistrature a sagement rappelé à tous les hommes politiques que cette affaire est de son ressort, que des instances de recours et de contestation sont prévues à cet effet.
La vive polémique sur l’affaire Samaha intervient au plus mauvais moment, pour ce qui reste d’institutions en action. Elle aiguise en effet le clivage qui a opposé le 14 et le 8 Mars, et accentue davantage encore des divergences dont le Conseil des ministres, seule institution encore en fonction, pourrait faire les frais.
On prête en effet au général Michel Aoun l’intention de présider aujourd’hui une séance extraordinaire de son bloc parlementaire, au cours de laquelle il pourrait annoncer sa décision de boycotter l’exécutif, si les nominations aux postes de directeur général des FSI et du commandement de l’armée restent du ressort du seul ministre de la Défense et non du Conseil des ministres.
Nervosité extrême
Par ailleurs, l’extrême nervosité politique s’était déjà traduite par le retour aux chicanes et vexations en Conseil des ministres. La polémique a surgi hier avec la décision d’affecter le fonds d’une « petite caisse » de 100 millions de livres au règlement de travaux de traduction et de correspondance liés au TSL. La réaction en flèche des ministres du Hezbollah, notamment de Hussein Hajj Hassan, a provoqué une vive polémique à ce sujet, et les voix des ministres se sont fait entendre en dehors de la salle de réunions. Finalement, le fonds secret n’a plus été affecté à la dépense prévue. Selon certaines sources, la polémique hier préfigure la bataille à venir, quand il sera question pour le gouvernement, qui examine le budget général de 2015, de prévoir le paiement de sa part au financement du TSL.
Une vive polémique a également éclaté hier au sujet d’une décision de transférer à Jal el-Dib la Direction centrale des statistiques. Malgré les réserves des députés Gebran Bassil et Élias Bou Saab, la décision a été maintenue.
Par contre, le plan de subvention à l’exportation maritime des fruits et légumes libanais a été adopté à l’unanimité.