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Nasrallah : Nous nous battrons avec l’armée syrienne

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé l’armée libanaise hier à coopérer avec l’armée syrienne dans la bataille contre le groupe État islamique (EI), qui commencera dans les jours à venir.
Dans une intervention télévisée, hier soir, le leader du Hezbollah a commencé par rendre hommage au directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, pour avoir mené à bien les négociations qui ont conduit à l’évacuation des miliciens de l’ex-Front al-Nosra et la libération des prisonniers du Hezbollah.
« Cette bataille a bénéficié d’un appui du directoire syrien. Sur le terrain, le régime syrien s’est battu auprès de nous dans le jurd de Flita. Les médias ne lui ont pas rendu suffisamment hommage. Or, c’est la bataille dans les deux jurds, de Flita et de Ersal, qui a permis de réaliser cette victoire. L’ennemi s’est éparpillé, ne pouvant se battre sur deux fronts », a indiqué Hassan Nasrallah.
Le secrétaire général du Hezbollah a également rendu un hommage appuyé au régime de Damas, qui « a accepté que l’État libanais soit le négociateur », et qui « a ôté des centaines de combattants syriens du Liban pour qu’ils soient transportés à Idleb, ce qui dénote d’une haute moralité de sa part ». « Ils n’ont pas demandé au Conseil des ministres libanais de prendre une décision. Ils n’ont posé aucune condition. Ils ont accepté l’accord tel quel. C’est ici, au Liban, que le retard a eu lieu dans l’échange », a-t-il indiqué, en remerciant personnellement le président syrien Bachar el-Assad.

« Cessez de nous parler d’ONU »
S’adressant ensuite à l’opinion publique libanaise et aux politiques, officiels et autres, Hassan Nasrallah a poursuivi : « Lors de cet échange de combattants et de familles, il n’y avait pas d’ONU, ni de CICR, ni de parties internationales. » « Sur près de 300 kilomètres, de jour comme de nuit, c’est le régime syrien qui a assuré la sécurité » de l’évacuation. « C’est une expérience », a-t-il dit, à l’adresse de ceux – dont le Premier ministre Saad Hariri – qui réclament une médiation internationale pour permettre un retour au bercail des réfugiés syriens, plutôt qu’un dialogue avec Damas. « Le régime syrien a toujours rempli ses engagements à ce niveau, respectant les accords conclus, notamment lors des réconciliations qui ont eu lieu au sein des différentes régions syriennes, comme Madaya ou Zabadani, où les restaurants et les soirées ont repris », a-t-il noté.
Et de lancer à certains officiels libanais : « Cessez de nous parler d’ONU. La question des déplacés, cessez de la politiser ou d’en faire un dossier financier. Il s’agit d’un dossier humanitaire. Le gouvernement libanais, pour le bien des déplacés et du peuple libanais, doit aller négocier avec le régime syrien. »
Hassan Nasrallah a ensuite rendu hommage au président de la République Michel Aoun – dont il a salué le discours lors de la fête de l’Armée –, et au président de la Chambre Nabih Berry – qui « a fait face aux langues perfides » – pour leurs positions de soutien au sujet de l’offensive du jurd de Ersal. Il a également remercié le Premier ministre, qui « a reconnu que le Hezbollah a réalisé quelque chose dans le jurd ». « C’est une avancée par rapport aux communiqués du courant du Futur », a-t-il dit.
Après avoir rendu également hommage à l’Iran, le secrétaire général du Hezbollah a de nouveau invité l’armée libanaise à prendre le contrôle des terrains conquis au Front Fateh el-Cham dans le jurd de Ersal « sitôt qu’elle le souhaite ». « Mais cela doit être fait rapidement, pour le bien des habitants de Ersal et de la région », a-t-il souligné.

La bataille de Qaa et de Ras Baalbeck
Évoquant ensuite la bataille à venir avec l’EI dans le jurd de Ras Baalbeck et de Qaa, Hassan Nasrallah a souligné que le groupuscule jihadiste « occupe une vaste zone en territoires libanais et syrien, d’une superficie d’à peu près 296 km² (141 km² au Liban et 155 km² en Syrie) ». « Les frontières dans cette région sont tracées, contrairement à ce qui a été dit », a-t-il noté, précisant que le terrain, montagneux et ascendant, est de même nature que celui du jurd de Ersal.
« Il est clair que c’est l’armée libanaise qui mènera la bataille pour la libération du jurd de Ras Baalbeck et de Qaa, a indiqué le secrétaire général du Hezbollah. Les préparatifs vont bon train. Le Hezbollah, en coordination avec le directoire syrien, a déjà préparé cette bataille. Si le Liban officiel prend la décision que c’est l’armée qui doit remplir ce rôle en territoire libanais, c’est parfait. Vous n’ôtez rien à notre mérite. » Et de poursuivre : « L’armée libanaise est capable de remplir cette mission, avec ses capacités et ses équipements, cela est indiscutable. Elle n’a pas besoin d’aide. Ce serait une insulte à l’armée qu’elle dispose d’un soutien américain – il en est question – pour une telle bataille. »
« Je ne veux pas polémiquer. Le problème n’est pas dans l’institution militaire ou sécuritaire au Liban, mais dans l’appareil et la décision politiques. Qui a empêché l’armée de livrer la bataille du jurd de Ersal ? Pourquoi est-elle capable maintenant de se battre et ne l’était pas avant ? Le problème est politique », a estimé Hassan Nasrallah.
« Lorsque l’armée a été agressée (à Ersal) il y a deux ans, que ses chars ont été visés et ses soldats touchés ou faits prisonniers, pourquoi n’a-t-elle pas assumé ses responsabilités à l’époque ? Si la décision avait été prise, nous étions prêts à aider l’armée. Ce n’est pas nous qui l’avons empêchée », a-t-il indiqué.

« L’État ne veut pas assumer ses responsabilités »
Le secrétaire général du Hezbollah en a profité pour répondre à ceux qui soulèvent la question de la décision de la guerre et de la paix pour dénier au Hezbollah sa liberté de mener son action contre les groupes jihadistes syriens. « Il suffit de parler de décision de la guerre et de la paix. Avez-vous pris la décision de lancer la guerre, de libérer les prisonniers, de chasser les terroristes, et vous en a-t-on empêchés ? » a-t-il lancé. Il a indiqué, dans ce cadre, qu’il « parie sur la présence de Michel Aoun à la présidence de la République pour amener l’État dans la direction » d’une intervention contre les jihadistes. « Si nous n’avions pas fait ce qu’il fallait faire, al-Nosra circulerait en boucle dans les rues de Ersal pour encourager à envahir Beyrouth. L’État ne veut pas assumer ses responsabilités. (…) Il suffit d’un article du New York Times pour influencer sa position », a-t-il noté.
« Nous allons vers une bataille. L’armée libanaise se battra en terre libanaise. J’annonce ce soir officiellement que le Hezbollah sera à la disposition de l’armée. Nous sommes prêts à suivre ses directives. Nous voulons que la troupe l’emporte rapidement au moindre coût humain », a-t-il dit.
« Sur le terrain syrien, la bataille s’ouvrira également. L’armée syrienne se battra aux côtés du Hezbollah. La frontière syrienne est plus grande. Et, si un philosophe libanais vient nous raconter qu’en territoire syrien, le front doit rester calme pour éviter une coordination entre les deux parties… il sera en train de comploter contre l’armée libanaise, ses soldats et leurs familles », a souligné Hassan Nasrallah.
« Et pour cause, l’EI rassemblera toutes ses forces, côté syrien, pour répliquer. Laissez donc votre politique vexatoire de côté, et menons cette bataille d’une manière morale. Le timing est entre les mains de l’armée libanaise. Le régime syrien et le Hezbollah sont prêts. Si le front est ouvert des deux côtés, la victoire sera plus rapide et les coûts moindres sur le plan humain pour tout le monde », a-t-il noté.
Hassan Nasrallah a ensuite lancé un message aux jihadistes de l’EI pour leur assurer que leur bataille est totalement perdante et qu’« au Liban, du moins en apparence, les Libanais sont tous derrière l’armée libanaise ».

L’affaire du Koweït
Évoquant sur un autre plan la question de la cellule du Hezbollah découverte au Koweït, il a souligné que son parti souhaite « les meilleures relations entre le Liban et le Koweït » : « Ce n’est pas vrai que nous avons envoyé des armes au Koweït. Nous n’avons pas d’armes dans cet émirat. Le Hezbollah n’a pas de cellules au Koweït, composées de Libanais ou de Koweïtiens. C’est ridicule de penser que nous cherchions à renverser le régime koweïtien. Nul, même au Koweït, ne cherche à déstabiliser le régime ou la sécurité du régime. Il s’agit d’accusations politiques fausses. Cherchez qui se cache derrière. » « Nous souhaitons que le Koweït sorte de cette crise », a-t-il ajouté, appelant l’émir du Koweït à « faire preuve de sagesse » pour régler cette question dans le calme