IMLebanon

Nombril sur orbite

Déjà que d’instinct, le Libanais croit raide que la terre entière tourne autour de son nombril, il lui manquait cette présidentielle ratée pour s’imaginer que son bled a repris d’emblée sa place au centre des bavardages diplomatiques internationaux. Du coup, c’est fou ce qui se dit comme âneries dans les médias et les salons. Des âneries grosses comme le trou du Trésor public ! Mais ça fait du bien, semble-t-il, et ça ventile les neurones.

On continue ainsi de se frotter la panse à l’idée que cette République du pauvre puisse encore intéresser du monde. Les plus dragués sont les Saoudiens et les Iraniens, tous deux gouvernés par des épaves exotiques quasiment de droit divin. Normalement, il devrait y avoir aussi les Syriens, mais ce coup-ci ils étaient trop occupés à dégager Bachar el-Assad de son ballottage délicat face à un sous-fifre quasi invisible. Idem pour les Égyptiens, qui viennent de faire plébisciter leur nouveau président à vie, lequel au vu de son score finira momifié dans un coin de pyramide aux côtés de ses prédécesseurs pharaons. Comme on le voit, les uns et les autres sont très bien placés pour nous dispenser leurs conseils en matière de démocratie, d’alternance politique et de partage du pouvoir.
Mais on n’y peut rien ! Le Koullouna bas du plafond a un solide penchant pour les certitudes préfabriquées. Le débat d’idées, le choc des programmes, ce n’est pas son genre de beauté. Ici, d’emblée, faut avant tout qu’il palpite pour un chef, un mentor, fut-il étranger. La culture politique locale lui a appris à crier d’abord « Par notre âme et notre sang… », et d’inventer bien plus tard l’argumentaire qui va avec. Normal, plus il y a d’abrutis, moins il y a de gens pour s’en apercevoir… Alors élire dans les règles de l’art un président de la République ? Plutôt mourir !
En attendant qu’Iraniens et Saoudiens prennent langue, les quelques Libanais normaux peuvent déjà mourir de rire.