BILLET
Il a fallu que même les manifs justes et légitimes ayant cours naturellement dans des tas de pays soient salopées dans ce pays de tas. C’était pourtant prévisible : tu donnes à un Libanais le meilleur concept possible, testé, validé, clés en main… il te le déglingue en moins de temps qu’il lui en faut pour s’acheter un 4×4 noir.
Un vrai morceau d’anthologie que ces jacqueries qui se suivent et se ressemblent, comme si elles étaient coulées dans le même moule ! On commence propret et BCBG, façon kermesse familiale, puis déferlent quelques disjonctés du neurone qui torpillent le raout à coups de grossièretés, casse de biens publics, et méchouis de pétards et de pneus. Face aux collectifs « Vous puez ! » et « Rendez des comptes ! » fleuriront bientôt les campagnes « Rolls et haschisch pour tous » et « Je veux un appartement dans le centre-ville ». Le citoyen a beau avoir l’esprit ouvert, à ce rythme il finira par avoir un trou dans la tête.
Partout ailleurs dans les sociétés normales, la gestion des ordures ménagères se fait dans l’indifférence du public et le ronron rassurant des recycleuses. Y a que chez nous où trouver un dépotoir relève de la chasse au trésor, où les embruns marins sont saturés de staphylocoques dorés, où le tri des déchets a été remplacé par la ségrégation des excréments selon les communautés et où les tarifs des sociétés retenues par les appels d’offres sont de véritables attaques à main armée.
Mais qu’est-ce qui marche alors dans cette raie publique ? Ben voyons : la pléthore de chefs à l’ego surdimensionné, la brouettée des services de renseignements, la corruption et les dépenses publiques. Si pour un tas d’ordures les Libanais se sont autant crêpé la touffe, qu’est-ce qu’on va se régaler le jour où viendra le tour du pétrole !