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Patates chaudes

BILLET

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Le pince-fesse hebdomadaire du Conseil des ministres nous a servi les clichés classiques : langue de bois débitée en tranches épaisses, index relevé des donneurs de leçons, rires gras et curetage de nez ramenant un ongle endeuillé… La main sur le cœur, là où se loge le portefeuille, nos canassons politiques mitonnent gentiment des arrangements de derrière les fagots. Mais ils ont beau vouloir manier le clystère avec doigté, si l’on peut dire, il se trouve toujours parmi eux quelques bêcheurs pour leur merdoyer le chaudron.
Au menu de la semaine, trois patates chaudes : l’aéroport, dont la sécurité se déglingue doucement, au point que les scanners en service ne font plus la différence entre un canon de mortier iranien et un vibromasseur thaïlandais ; le département de la Sécurité de l’État, dont le patron chrétien est obligé de ferrailler contre son adjoint chiite tapi en embuscade ; et la pantalonnade du réseau Internet illégal dont on a décrété qu’il est israélien, à défaut de débusquer les crapules locales qui se goinfrent en arrière-plan.
Le premier point a été réglé. Enfin réglé, on dit ça juste pour causer, en attendant qu’exsudent les premiers miasmes in utero de la magouille. Quant aux deux autres, ils serviront de sujets d’animation pour les prochaines semaines au cours desquelles la classe politique pourra s’adonner à son passe-temps favori : Istiz Nabeuh contre Orangina, Orangina contre Barbichu, Barbichu contre Sayyed Barbu. Patience, les mesquins ! À chaque coup tordu suffit sa peine…
Certes, les Libanais doivent en théorie choisir eux-mêmes leurs dirigeants. Mais que peut-on s’ils les choisissent comme ça? Finalement, ils n’y sont pour rien. C’est l’environnement qui commande ce « style » légendaire de la praxis politique. Dans un pays où le mensonge, la corruption et le vol sont perçus comme des signes de fine intelligence, on en est réduit à prier à genoux pour être gouvernés par d’épais crétins.
Mais restons zen : entre une présidentielle insoluble et un pays qui se dissout, nous avons tous les motifs d’être optimistes… Quant à l’avenir du pessimisme.