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« Personne ne pourra empêcher les cloches des églises de sonner »

Le tollé se poursuivait hier dans les milieux politiques face aux dernières menaces de groupes jihadistes, comme le Front al-Nosra ou les « Brigades des sunnites de Baalbeck ». Le premier s’était essentiellement adressé au Hezbollah et avait promis de libérer les islamistes détenus à Roumieh ; quant au second groupe, il s’était engagé à « purifier » la Békaa des édifices religieux chrétiens.

Le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, souligne qu’il faut faire face aux phénomènes de ce genre « à travers des espaces nationaux communs et non pas par des réactions (isolées) chrétiennes ou musulmanes ». « Jusqu’ici, je n’ai pas entendu de commentaires faits sur une base nationale, à l’exception de propos émanant de certains ministres », ajoute M. Souhaid, pour qui les derniers communiqués émanant de groupes jihadistes sont « suspects et paraissent étudiés ».
Yassine Jaber, député de Nabatyeh et membre du bloc parlementaire de Nabih Berry, souligne que les dernières manifestations du Front al-Nosra et des « Brigades des sunnites libres de Baalbeck » « prennent pour cibles toutes les composantes libanaises ».
« Tout le monde est égal au regard du terrorisme takfiriste. Voilà pourquoi nous devons consolider notre unité intérieure, réactiver nos institutions constitutionnelles et renforcer le rôle des forces de sécurité en leur assurant la couverture politique nécessaire », souligne-t-il, saluant de façon appuyée « les efforts du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, et son discours politico-sécuritaire ».
Jamal Jarrah, député de la Békaa-Ouest et membre du bloc du Futur, salue « les grands efforts déployés par les services de sécurité et l’armée libanaise face aux groupes terroristes qui menacent la stabilité du Liban ».
M. Jarrah met l’accent sur la responsabilité du Hezbollah dans cette situation. C’est lui qui, « en intervenant en Syrie et en s’associant à la guerre menée par le régime de Bachar el-Assad contre le peuple syrien, a ouvert la porte à une riposte des Syriens à l’intérieur du Liban, car l’intervention du Hezbollah a créé une continuité entre la scène libanaise et la scène syrienne », estime-t-il. « Depuis le début, nous disons que cette participation (du parti chiite à la guerre en Syrie) va attirer des catastrophes sur le Liban et les Libanais, alors que le Hezbollah prétendait mener une guerre préventive afin d’empêcher les terroristes de venir au Liban », ajoute-t-il.
Finalement, conclut le député, « les régimes irakien et syrien et Daech ne sont pas si différents les uns des autres ». Selon lui, « Nouri al-Maliki s’est comporté de façon sectaire, haineuse et oppressive, Bachar el-Assad tue son peuple et Daech complète l’action des deux à la fois ».
Un autre député du Futur, Riad Rahal (Akkar), estime, quant à lui, que « les menaces de terreur brandies par les dénommées Brigades des sunnites libres de Baalbeck sont mensongères et relèvent de l’action de services de renseignements ». « C’est à travers de telles manifestations médiatiques qu’un parti politique justifie ses basses œuvres en Syrie », ajoute M. Rahal dans une évidente allusion au Hezbollah.
Il appelle les chrétiens à ne pas céder à la peur, car « ils sont présents au Liban depuis des milliers d’années ». « Personne ne peut déplacer les chrétiens de cette terre ou empêcher les cloches des églises de sonner », lance-t-il, rendant lui aussi hommage à l’action des forces de l’ordre.

Le député Anouar el-Khalil (Hasbaya), également membre du bloc berryste, estime pour sa part que « le Liban uni restera plus fort que ceux qui cherchent à y semer la discorde confessionnelle et sectaire ».
Pour M. Khalil, il est nécessaire de « prendre les menaces des groupes islamistes extrémistes au sérieux », notamment celui émanant des dénommées « Brigades des sunnites libres de Baalbeck ».
Le député appelle « toutes les parties à réviser la manière avec laquelle le phénomène de l’extrémisme est envisagé » et les Libanais en général à « resserrer les rangs autour de l’armée libanaise et de l’ensemble des services de sécurité qui enregistrent quotidiennement d’importants succès dans la lutte contre ce phénomène dangereux ».

Enfin, Alaeddine Terro, député du Chouf et membre du bloc joumblattiste, lance un appel à la reprise du dialogue politique au Liban qui devrait selon lui « remplacer les échanges d’accusations de part et d’autre, notamment sur base confessionnelle et sectaire ». Ce sont selon lui ces duels qui « laissent un espace au terrorisme infiltré chez nous par le biais des explosions, comme ce qui s’est passé dans la banlieue sud et à Dahr el-Baïdar, ou bien du fait d’excités qui prétendent parler au nom de l’islam ».
« La solidarité entre l’État, le gouvernement, les citoyens et les partis politiques faciliterait la tâche des services de sécurité et entraverait l’action des mouvements takfiristes et jihadistes, que leurs motivations soient religieuses ou politiques », souligne-t-il.