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Pour changer d’air et sortir d’une vacance présidentielle débilitante

 

Fady NOUN

Nous avons, malgré tout, le choix. La fièvre des élections municipales gagne petit à petit l’ensemble de la population, et plus de 6 000 candidats sont déjà en course, pour un scrutin en quatre étapes dont la première est prévue dimanche en huit (le 8 mai), à Beyrouth et dans la Békaa.

À Beyrouth, le rouleau compresseur de la liste de 24 candidats parrainée par Saad Hariri et présidée par Jamal Itani a annulé toutes les chances qu’une alternance véritable puisse exister.
La liste Imad Wazzan, de son côté, qui se veut complète, a donné un faux rendez-vous à l’opinion, jeudi soir, et n’avait toujours pas trouvé son élan, vingt-quatre heures plus tard. Cette liste rappelle-t-on, conteste le principe de la parité islamo-chrétienne à Beyrouth, et réclame pour les seuls sunnites de la capitale 60 % des sièges municipaux. Il n’est pas difficile de deviner que, devant un choix si embarrassant pour eux, elle ne parvienne toujours pas à trouver des candidats au suicide politique parmi les chrétiens de Beyrouth.

 

Pour en venir à la Békaa, Zahlé sera la scène de l’une des batailles les plus intéressantes des élections municipales version 2016. Pour cette ville, ce sera la première échéance électorale sans la figure traditionnelle d’un leader de la famille Skaff, depuis la mort de l’ancien député et ministre Élias Skaff. Certes, l’épouse de ce dernier Myriam Skaff a bien pris la relève, mais ces élections seront un premier test pour elle. De plus, la liste appuyée par Myriam Skaff et le courant du Futur devra affronter deux autres, la première appuyée par l’alliance CPL-Forces Libanaises qui a pour chef de liste l’ancien président de la municipalité Assaad Zgheib et ancien allié des Skaff. Tout comme elle devra affronter une troisième liste parrainée par le député Nicolas Fattouche. Les Kataëb, qui ont un certain poids à Zahlé, n’ont pas encore décidé d’appuyer une liste en particulier, mais leurs voix pourraient être déterminantes.

Ailleurs dans la Békaa, les jeux sont pratiquement faits. Une liste complète de 21 candidats comprenant un candidat chrétien et un autre des Projets de bienfaisance a été annoncée à Baalbeck, où le tandem Amal-Hezbollah impose sa loi. Le mouvement de l’ancien ministre Charbel Nahas, « Citoyens et citoyennes dans un État », a par ailleurs annoncé hier une liste incomplète dans la ville de Baalbeck, composée de trois femmes.

Le goût de la démocratie
Agissant à contre-emploi, la fièvre des municipales a quelque chose de tonique, et redonne au pays le goût à la démocratie. Elle adoucira, d’une certaine manière, l’amertume d’un 25 mai qui vient en courant, et qui marquera le 2e anniversaire d’une vacance présidentielle débilitante pour le corps des institutions et pour le moral des Libanais.

L’effet de nuisance de la vacance présidentielle fait partie des sujets que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, est allé expliquer au président turc Erdogan, ainsi que le contrecoup sévère, sur les classes défavorisées, de la présence de plus d’un million et demi de réfugiés syriens en concurrence directe avec les plus pauvres parmi les Libanais, pour les petits emplois dont ces derniers vivent.

Tout de suite après la trêve des fêtes s’enclenchera une semaine relativement importante pour la suite des choses, avec l’examen, mardi, par les commissions conjointes, de 17 projets de lois électorales parmi lesquels la Chambre cherchera à trouver la « formule magique », ou le facteur d’indétermination offrant à tous les courants et partis du pays des chances égales de victoire.