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Pour le PM, le cabinet est « tout entier responsable » de la réforme électorale

 

Sandra NOUJEIM

C’est un Conseil des ministres en l’apparence routinier qui s’est tenu hier au Grand Sérail.

Sur les trente-deux points de l’ordre du jour, « presque tous » ont été approuvés, selon les termes du ministre Ghattas Khoury dans sa lecture du procès-verbal. Naturellement, ce texte n’a rien révélé sur les points en question – laconique, comme le voudrait la dernière coutume du nouveau cabinet.

Selon des informations recueillies auprès de ministres, l’un des points ajournés porte sur la majoration de 64 à 68 ans de l’âge de départ à la retraite, pour les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Un projet possiblement lié aux nominations diplomatiques en vue, mais qui titubent pour l’instant…

De ce qui a été approuvé hier, un ministre rapporte le renouvellement du contrat avec l’usine de compostage de Saïda, chargée notamment de traiter les déchets de Beyrouth. La décision aurait été prise en outre d’augmenter les salaires des gardiens de prison, du fait du caractère pénible de leur travail. Pour éviter toutefois de passer par le législateur, le cabinet a prévu la création d’une caisse relevant du ministère de l’Intérieur et comptabilisée sur son budget annuel à raison de deux millions de dollars US.

Du reste, aucun débat politique de fond n’a marqué la réunion d’hier. Le Premier ministre s’est contenté de réitérer, comme il le fait à l’ouverture de chaque Conseil, l’espoir d’une réforme électorale prochaine. « Il nous reste 19 jours pour nous entendre sur une nouvelle loi électorale. Je suis optimiste quant à une solution prochaine et c’est ce à quoi nous devons œuvrer. Nous travaillons nuit et jour pour surmonter les difficultés qui restent », a-t-il affirmé, selon le procès-verbal de la réunion. Le chef du gouvernement a insisté dans ce cadre sur la « solidarité » du gouvernement, c’est-à-dire la responsabilité conjointe des ministres dans la mise au point d’un projet de loi électorale. « Tout avis sur ce dossier est le bienvenu à la table du Conseil », a-t-il déclaré à l’adresse des ministres, en les priant de respecter cette solidarité. Comprendre que toutes les composantes du cabinet seraient responsables de la réussite ou de l’échec de la réforme électorale.

En effet, en dépit des espoirs d’éclaircie fondés sur l’iftar du palais de Baabda aujourd’hui (voir par ailleurs), un ministre Forces libanaises appelle à la « prudence ». « Il y a ceux qui veulent une loi électorale avant le 19 juin, d’autres qui souhaitent un retour à la loi de 1960. Les premiers ont encore beaucoup à faire, les seconds ont tout intérêt à ne rien faire ou à faire semblant, d’ici là », dit-il, dénonçant « des intentions très bien dissimulées par certains pour revenir à l’ancienne loi ».

Un scepticisme qui pourrait expliquer l’insistance du ministre Nouhad Machnouk, à sa sortie du Conseil hier, sur le non-retour à la loi de 1960. « Toutes les parties politiques ont réaffirmé leur refus absolu de la loi de 1960 », a-t-il déclaré. Il a néanmoins précisé que si la proportionnelle appliquée à quinze circonscriptions est approuvée, « il nous faudra plus de trois mois pour préparer les législatives ». C’est un report d’un an qui est évoqué dans certains milieux politiques…

À leur entrée au Grand Sérail, certaines déclarations ont trahi les tensions liées aux « garanties » souhaitées par le Courant patriotique libre (CPL) avec la proportionnelle. Ali Kanso a jugé « inutile » la demande du CPL de baisser à 108 le nombre des sièges parlementaires et exprimé son refus catégorique de la proposition FL de transférer des sièges. « Mieux vaut revenir à la configuration de 99 députés, j’ai la nostalgie de ces jours… » a lancé pour sa part Talal Arslane. Néanmoins, le Hezbollah et ses alliés continuent de formuler en douceur, dans le sillage du dernier discours de Hassan Nasrallah, le souhait que le chef de l’État annonce aujourd’hui l’ouverture d’une session extraordinaire. « Soyez optimistes », a déclaré le ministre Hussein Hajj Hassan à son entrée au Grand Sérail.

Sur un autre plan, César Abi Khalil est revenu à la charge contre ceux qu’il veut poursuivre pour avoir dénoncé des magouilles sur le dossier des navires-centrales. « Ceux qui portent atteinte à notre réputation doivent en payer le prix », a-t-il lancé, visiblement remonté par les rétorques qu’il a reçues de Boutros Harb, Achraf Rifi et Samy Gemayel.