Alors que s’ouvre la période des fêtes, propice aux expectatives, la politique interne roule à un rythme plus lent, mais peut-être aussi plus sûr, exception faite du dossier des militaires détenus en otages.
L’annonce du prochain dialogue entre le Hezbollah et le Futur a produit, comme par effet de contagion, et avant sa tenue, un souffle d’apaisement sur le pays : des contacts tous azimuts, notamment interchrétiens, animent l’attente d’un déblocage institutionnel.
Au niveau de la présidentielle, un début de dénouement devrait théoriquement poindre à l’horizon au début de l’année prochaine. Des sources diplomatiques se disent optimistes et assurent que les efforts internationaux entrepris récemment se retrouvent au moins sur la nécessité de combler la vacance à Baabda. C’est précisément la France qui paraît guider la voie diplomatique dans ce sens. La récente visite du directeur du département du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord au ministère français des Affaires étrangères, François Girault, au Liban aurait en effet dessiné une feuille de route pour la présidentielle, en coordination avec les États-Unis et avec l’enthousiasme à peine voilé du Vatican.
Les rapprochements politiques confortent en tout cas cet espoir de déblocage. Le dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur, dont la séance préparatoire a été fixée au 29 du mois courant, pourrait se tenir plus tôt, avant Noël, affirment les milieux de Aïn el-Tiné, qui parrainent cette nouvelle prise de contact entre les deux parties. Le dialogue vise d’abord à détendre les rapports sunnito-chiites, l’enjeu commun étant d’éviter tout dérapage que ni l’une ni l’autre partie n’est près à affronter. De manière corollaire, la mise en œuvre du plan sécuritaire et l’entrave que constituent à ce niveau les « Brigades de la résistance » (affiliées au Hezbollah) seraient incluses dans le dialogue. Ce dernier pourrait de plus aboutir à une entente sur la gestion du dossier des ressources gazières et pétrolières. C’est ce qui aurait conduit le député du Hezbollah, Nawaf Moussawi, à déclarer hier que son parti « envisage le dialogue avec sérieux et un souhait sincère d’aboutir à des arrangements », même si le dialogue ne portera pas sur le point litigieux des combats du parti chiite en Syrie, et encore moins son arsenal.
Parallèlement, la médiation entre Rabieh et Maarab, menée par un « ami commun », se poursuit. Rien ne devrait empêcher la tenue de ce dialogue interchrétien, que nulle partie ne peut se permettre de décliner dans le principe, comme le fait remarquer un ancien député du Futur, même s’il est sceptique quant à sa résultante. L’on évoque même un possible élargissement de ce dialogue, pour inclure les quatre pôles chrétiens.
Cet élargissement serait lié aux contacts déjà initiés par les Marada auprès des Forces libanaises, le député Sleimane Frangié déployant depuis un certain temps des efforts pour une réunion avec les FL, à laquelle il comptait persuader son allié, le leader du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, de prendre part. Mais les déclarations des parties concernées restent pour l’instant prudentes. Alors que le député des Marada, Sélim Karam, a affirmé à l’agence d’informations al-Markaziya que la participation de son parti au dialogue doit se décider en fonction de l’ordre du jour, qui n’a toujours pas été fixé, le député des Forces libanaises Fadi Karam a exprimé une position de principe sur un éventuel dialogue interchrétien. Il a déclaré que « toute rencontre Geagea-Aoun doit porter sur des dossiers nationaux pressants, au-delà de la seule présidentielle ».
Si la récente visite du leader des FL en Arabie saoudite aura consacré « leur rapport de confiance », selon une lecture commune du Futur et des FL, la réaffirmation de ce partenariat survient à un instant critique pour le général Michel Aoun. Les efforts diplomatiques axés sur la magistrature suprême porteraient un blâme accentué au leader du CPL, dont relève directement le déblocage de la présidentielle. Or à l’heure où les Forces libanaises acceptent le principe d’un consensus sur la présidentielle, le général Michel Aoun reste intangible dans son refus de « renoncer à sa candidature en faveur d’un candidat consensuel ». En outre, « l’assouplissement iranien » rapporté par Jean-François Girault serait plus assimilable à une volonté de négocier, qu’à une intention de débloquer la présidentielle.
Du reste, alors que les Marada continuent de soutenir la candidature de leur allié, rien n’est moins sûr concernant le rôle exact du chef des Kataëb, le président Amine Gemayel, qui s’était théoriquement soustrait à la course à la faveur de son allié du 14 Mars. Sous le slogan de la consolidation du pacte national, les Kataëb exhibent actuellement une ouverture sur les différentes composantes du pays. Après la visite de leur chef au Liban-Sud, une délégation du parti chrétien a rencontré hier dans le Chouf une délégation du Parti socialiste progressiste.
S’il est une chose qui fait l’unanimité des parties chrétiennes, c’est le fait que le nom du prochain chef de l’État ne passera pas par des parties non chrétiennes.