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Retour à la case départ ? !

 

Yara ABI AKL 

Si d’aucuns estiment que la dernière formule électorale présentée par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, axée sur la préqualification est abandonnée, les diverses formations politiques poursuivent leurs contacts en quête d’un nouveau texte.
C’est justement à la faveur de cette logique qu’une source politique bien informée indique à L’Orient-Le Jour que le dernier projet Bassil n’a pas vu le jour en raison de remarques formulées par plusieurs protagonistes, dont notamment les Forces libanaises (FL), le Parti socialiste progressiste (PSP) et le courant du Futur.
Dans les mêmes milieux, on fait état d’un « retour à la case départ, mais on assure, toutefois, que les débats portent actuellement sur le projet de loi mixte (mêlant les modes de scrutin majoritaire et proportionnel) présenté par les partis de Saad Hariri, Walid Joumblatt et Samir Geagea. Les divers protagonistes étudient aussi un retour au projet de loi Mikati (la proportionnelle appliquée à 15 circonscriptions) », note-t-on de même source, avant d’indiquer que « les débats autour de ce texte seraient peut-être une tentative de calmer les appréhensions de M. Joumblatt qui n’a pas tardé à s’opposer catégoriquement à la dernière mouture Bassil ».
À l’heure où certains sont pessimistes quant à la possibilité d’adopter un nouveau code électoral avant le 15 mai prochain (date de la séance parlementaire durant laquelle on s’attend à ce qu’une nouvelle prorogation de la législature soit votée), un observateur politique, lui, se veut optimiste.
Selon cet observateur, « le principe du nouveau code électoral devrait être tranché une bonne fois pour toutes à partir de la semaine prochaine ». À L’OLJ, il explique que le président de la République, Michel Aoun, ne peut plus tolérer d’atermoiements. Il y va, en effet, de son mandat qui n’a pratiquement rien encore enregistré à son actif.
L’échec du projet Bassil serait dû aux remarques formulées par les FL, dit-on dans certains milieux politiques. Les proches de Samir Geagea préfèrent, quant à eux, en imputer la responsabilité au Hezbollah. Un responsable FL souligne dans ce cadre à L’OLJ qu’ « à l’heure où le parti chiite s’est prononcé en faveur du texte axé sur la préqualification, ce sont ses alliés (à l’instar des Marada et du Parti syrien national social) qui y ont opposé un véto catégorique ». Le cadre FL estime que le Hezb a voulu mettre tout le monde au pied du mur en limitant les choix entre la proportionnelle intégrale et une prorogation du mandat de la Chambre. Selon ce proche de M. Geagea, « les débats sont retournés à la case départ, mais ils se poursuivent ».
Même son de cloche à Moukhtara. Le député joumblattiste Antoine Saad a déclaré hier que « les contacts politiques concernant le code électoral devraient s’intensifier dans les prochaines heures », excluant toutefois la possibilité d’une prochaine entente élargie dans ce domaine.
Dans une déclaration radiodiffusée, M. Saad a fortement critiqué la proposition Bassil. « Ce texte va à l’encontre du vivre-ensemble et il est loin de l’intérêt national », a-t-il déclaré, estimant que « le retour au texte de 1960 – avec quelques modifications – devient de plus en plus probable ».

Où est le gouvernement ?
Face à ce paysage complexe, d’aucuns dénoncent ce qu’ils appellent « manquement du gouvernement à ses responsabilités en matière de loi électorale ». Un observateur interrogé par L’OLJ rappelle à cet égard que le cabinet Hariri s’était engagé dans sa déclaration ministérielle à mettre sur pied un nouveau code électoral. « Le fait de ne pas tenir une séance du Conseil des ministres cette semaine prouve que le gouvernement n’est pas sérieux en ce qui concerne ce dossier épineux », souligne-t-il.
À Saïfi, les Kataëb – dont le chef, Samy Gemayel, a fortement critiqué l’attitude du cabinet en matière de loi électorale – mettent en garde contre « la connivence des piliers du pouvoir visant à confisquer les droits du peuple et imposer une mainmise sur les institutions ».
« Tous les pôles du pouvoir sont responsables de l’atteinte au système politique au moyen de marchés douteux conclus au détriment du principe de l’alternance du pouvoir », déclare un proche de M. Gemayel à L’OLJ.