Le ministre de l’Information a présenté au Conseil des ministres six projets de loi prévoyant des mesures à même de redresser le secteur de la presse.
Parallèlement aux démarches portant sur le projet de loi électorale, le ministre de l’Information, Melhem Riachi, semble focaliser son attention sur la question de l’aide que l’État devrait accorder aux médias, en particulier à la presse écrite.
C’est dans ce cadre et au vu de l’aggravation de la crise, dont témoignent les licenciements massifs de journalistes que M. Riachi a présenté au Conseil des ministres six projets de loi portant sur des mesures concrètes susceptibles de réduire les dépenses des quotidiens libanais.
Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, le ministre de l’Information insiste sur l’importance de discuter ces projets en Conseil des ministres le plus tôt possible. « Je tiens à ce que ces projets figurent à l’ordre du jour de la prochaine séance gouvernementale », souligne-t-il, notant toutefois que le Premier ministre, Saad Hariri, attend les réponses du Conseil d’État et de plusieurs autres instances concernées pour pouvoir les inclure à l’ordre du jour.
Si certains estiment qu’il est normal que le ministère de l’Information s’active pour sauver la presse libanaise libre et indépendante qui traverse des crises existentielles, Melhem Riachi, lui, ne manque pas de donner une dimension philosophique à son action. « Je crois en l’importance des médias dans ce pays, et je ne m’imagine pas le Liban sans sa presse libre et indépendante qui l’a longtemps distingué » des autres pays de la région, affirme le ministre, avant de poursuivre : « Le Liban et la démocratie sont indissociables, et c’est la presse écrite qui renforce la démocratie et crée l’opinion publique libanaise. »
Dans les détails, les projets de loi de Melhem Riachi prévoient principalement des exonérations fiscales et sociales à même de réduire considérablement les dépenses subies par les quotidiens. Expliquant ses propositions, M. Riachi tient à faire valoir que « c’est par la réduction des dépenses que débute toute solution à la crise de la presse ».
« Je propose que l’État se substitue aux employeurs face à la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) pour une période transitoire de deux ans », explique le ministre, ajoutant que pendant cet intervalle de temps, c’est l’État qui devrait payer les cotisations sociales des journalistes, exclusivement.
Melhem Riachi propose également d’amender les lois portant sur la TVA et les cotisations municipales. Ainsi, les journalistes exerçant effectivement le métier seraient exonérés de la taxe sur la consommation de l’eau et de l’électricité, parmi d’autres services. Les journalistes ne paieraient plus de taxes sur les immeubles qu’ils occupent, tout comme leurs employeurs seraient exonérés des taxes sur les immeubles qu’ils occupent, qu’il s’agisse de la presse écrite ou des médias audiovisuels.
Augmenter les recettes
Outre la réduction des dépenses, Melhem Riachi entend augmenter les recettes des quotidiens libanais. C’est dans ce cadre que s’inscrit par exemple l’aide de 500 livres libanaises que recevront les journaux pour chaque numéro vendu « effectivement ». « Les propriétaires des quotidiens seront tenus de dresser des bilans hebdomadaires indiquant le nombre de journaux vendus, et de les remettre au Conseil national de l’information, chaque semaine », peut-on lire dans le projet de loi de Melhem Riachi.
À la question de savoir s’il craint les atermoiements dans ce dossier à la lumière de la priorité accordée par le gouvernement à l’adoption d’une nouvelle loi électorale, le ministre répond par la négative. « Lorsque j’ai présenté ces projets, j’en ai notifié le président de la République, le Premier ministre et le chef du législatif », dit-il, assurant qu’il mènera ce combat jusqu’au bout. « Si le plan d’aide à la presse n’est pas étudié lors du Conseil des ministres de mercredi (demain), je tiendrai une conférence de presse, en présence de tous les propriétaires de journaux et des journalistes, pour exhorter le gouvernement à s’acquitter de ses responsabilités sur ce plan », conclut Melhem Riachi.