IMLebanon

Rien à braire !

BILLET

 

finalement qu’une question de temps. Et au Liban, le temps s’écoule peinard comme le jus qui suinte d’un sac poubelle. Il n’y a pas à dire, de nos jours, le pays appartient à ceux qui se couchent politiciens et se lèvent éboueurs.
Face à une population qui se bouche le nez, une palanquée de ministres, de députés et de hauts fonctionnaires se croient obligés pour la circonstance de prendre la mine compassée de ceux qui sont inquiets pour l’avenir de la République, tout en agissant comme s’ils n’en avaient rien à braire. S’accrochant à la branche dont on fait les plus solides langues de bois, ils se lancent dans un verbiage gesticulateur d’où il ressort un scoop selon lequel nous sommes, paraît-il, dépendants des conflits régionaux. Et que, par conséquent, nous devons prolonger, rallonger, reconduire, voire embaumer, momifier et enduire au carbone 14 le Parlement et les vieux croûtons de la politique qui survivent encore.
Depuis maintenant plus de 40 ans, tout ce qui pouvait être dit a été vomi, régurgité, dégurgité. Dans la rue entre-temps, le stock d’indignations, d’insultes et d’injures a été largement entamé et se situe désormais en deçà des réserves stratégiques du bas de la ceinture.
Donc, qu’est-ce qu’on attend ? Les vieux canassons du mois de Mars sont fatigués et, à la longue, devenus fatigants. Y en a marre d’Istiz Nabeuh, qui vit pratiquement reclus dans son clapier de Aïn el-Tiné, affalé dans son fauteuil et alignant les visiteurs, beaucoup trop payé pour ce qu’il fait, mais pas assez pour ce qu’il s’emmerde. Marre du Barbichu et de sa voix ramollie, qui passe son temps entre les lumières de Paris et les poussières d’Arabie. Marre encore d’Orangina qui, à plus de 80 balais, est encore agité d’envies irrépressibles de Baabda, même s’il ne doit plus présider qu’un tas de fumier. Marre enfin du Sayyed Barbu, porte-parole de Dieu sur terre, qui a envoyé au casse-pipe en Syrie plus de Libanais qu’il n’a dézingué d’Israéliens.
Bref, entre les petites bouffées d’optimisme et les grosses lampées de pessimisme, la situation générale du pays se résume ainsi : une avancée en arrière du pas en avant dans le recul du progrès de toute perspective d’avenir radieux pour le Liban.