Encore plus imbécile que le kamikaze qui vient se viander contre un barrage militaire, ou dans les chiottes d’une chambre d’hôtel, est le fatras d’informations incohérentes qui suit le funeste télescopage.
À peine l’ahuri assoiffé de vierges fraîches a-t-il été transformé en chaleur et lumière, ne voilà-t-il pas que médias toutes chapelles confondues, officines de sécurité et miliciens de tous poils et barbes se mettent à frétiller et balancent en vrac un confettis d’infos fantaisistes et non vérifiées, aussitôt gobées par les niaiseux avides de frissons apocalyptiques. Non contents de chiffrer pif au vent le nombre de victimes, ces excités de la catastrophe livrent avec force détails, dès les premières minutes, une comptabilité farfelue des dégâts matériels, citant des sources vaporeuses aussitôt démenties par d’autres sources absconses.
S’ensuit évidemment un pugilat féroce entre responsables, qui s’étripent pour s’attribuer chacun le rôle de cible présumée : « On veut ma peau, donc je suis », Descartes peut aller se rhabiller. Sans oublier l’éternel clampin de derrière les fagots qui prétendra être passé « par pur hasard » quelques secondes avant que le jihadiste ne propulse ses viscères sur les balcons et fenêtres alentour.
Pourtant, ces démarches ne sont pas dépourvues d’intérêt, puisqu’elles permettent à la fois à nos vieux briscards de la politique de bomber le torse en jouant à peu de frais les héros incontournables, aux journalistes d’enchaîner les âneries analytiques oscillant entre optimisme béat et pessimisme pleurnicheur, et au juge d’instruction vedette de parader en faisant parler de lui.
Présidentielle-mirage, législatives bidon, rêveries syndicales… Que de dossiers soudain dérisoires en ces moments dramatiques, où le populo cerné par le terrorisme n’a plus qu’une alternative : se soumettre dare-dare ou virer steak tartare.