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L’enfer d’Alep : une escalade pour pousser à une nouvelle trêve…

Décryptage

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Au moment où la tenue d’un congrès sur la reconstruction de la Syrie qui devrait se tenir en septembre est annoncée à Beyrouth, la ville d’Alep est en train de vivre un véritable enfer. Le paradoxe pourrait paraître drôle s’il n’était aussi tragique. Il résume en tout cas la situation complexe en Syrie qui oscille constamment entre la poursuite de la violence sur le terrain et le maintien d’un processus politique difficile. Que s’est-il donc passé pour qu’il y ait ce soudain embrasement à Alep et dans ses environs ?

Des sources proches du Hezbollah reviennent sur l’attaque menée par le Front al-Nosra dans le rif ouest d’Alep contre la colline al-Iss, en violation flagrante du cessez-le feu annoncé par l’émissaire de l’Onu Staffan de Mistura, sachant toutefois qu’al-Nosra et l’État islamique en sont exclus. En riposte à cette attaque, les milieux proches du régime syrien et de ses alliés avaient annoncé l’imminence de la bataille d’Alep, ou en tout cas l’encerclement de la ville par la dernière issue encore ouverte, dite du Castello, pour pousser les combattants de l’opposition à la reddition, tout en évitant le bain de sang d’une invasion des quartiers encore aux mains de l’opposition.

Mais au lieu de cette riposte annoncée, c’est une fois de plus le Front al-Nosra et les autres factions de l’opposition qui combattent à ses côtés qui ont mené une nouvelle attaque contre la ville. Les sources proches du Hezbollah précisent que près de 8 000 combattants ont été mobilisés pour mener cette offensive qualifiée de préventive. Ils ont suivi un entraînement spécial et ont été dotés d’armes sophistiquées comme les missiles Stinger et Tow, et ils sont passés par la frontière turque pour mener leur opération.

Ayant des informateurs au sein de certains groupes de l’opposition, le régime et ses alliés ont été informés des préparatifs de l’offensive sur Alep. Ils ont laissé les combattants avancer et, en même temps, ils ont fortifié leurs défenses autour de la ville. Le jour J de l’offensive a été fixé pour mardi et effectivement un flot de combattants suréquipés a avancé vers la ville. L’aviation syrienne a bombardé les troupes arrière pour couper toute possibilité de retraite aux combattants qui étaient en première ligne. Le piège s’est refermé sur les combattants de l’opposition, toutes factions confondues, lesquels auraient perdu dans cette attaque plusieurs centaines des leurs. Les affrontements ont duré moins de deux jours et l’offensive a été un échec. Mais les factions de l’opposition se sont vengées en transformant certains quartiers d’Alep en véritables champs de ruines. L’aviation du régime n’a pas non plus ménagé la ville au point que celle-ci serait en train de vivre la pire période depuis le début de la guerre en Syrie.

Les sources proches du Hezbollah estiment que cette escalade de la part des forces de l’opposition vise à pousser la communauté internationale à relancer le cessez-le-feu en Syrie, et en particulier à Alep et dans ses environs, pour empêcher le régime et ses alliés de lancer à leur tour une offensive destinée à resserrer l’étau autour de la ville. Selon les mêmes sources, avec les pertes essuyées au cours de leur dernière offensive, les forces de l’opposition ont besoin d’un peu de temps pour reprendre leur souffle et se reconstituer, et ce n’est qu’en s’acharnant contre la ville et les civils qui y résident encore qu’elles peuvent obtenir un sursis. Alep et ses environs (qui représentent une superficie plus grande que celle du Liban) restent un enjeu majeur de la guerre en Syrie en raison de leur proximité avec la Turquie, et de leur importance économique et démographique.

S’il est désormais clair que les interventions régionales et internationales ne permettront pas au régime et à ses alliés de boucler la région jusqu’à la frontière turque en prenant par exemple la ville de Aazaz, ces derniers veulent au moins reprendre le contrôle d’Alep, sans y entrer, et celui de ses rifs sud, est et ouest, pour marquer un succès stratégique à la fois sur les forces de l’opposition et sur les parrains régionaux de ces forces, à savoir la Turquie et l’Arabie saoudite. Mais ce projet ne semble pas avoir encore l’aval des puissances internationales qui continuent à ne pas vouloir donner une telle victoire au régime et à ses alliés, même s’ils ne souhaitent pas non plus une victoire de Daech et d’al-Nosra.

Les sources proches du Hezbollah continuent donc de dire que la bataille de « l’encerclement d’Alep » est toujours en préparation, mais nul ne peut dire quand elle sera menée car les enjeux les dépassent. D’un côté, les Russes répètent qu’ils ne permettront jamais que le scénario libyen se répète en Syrie, alors que les Américains rappellent que Daech et le Front al-Nosra sont exclus de la trêve, et de l’autre, la Turquie et l’Arabie saoudite continuent d’aider et de laisser passer les combattants de l’opposition. Tout en reconnaissant que le flou dans les positions internationales sert pour l’instant les intérêts de l’EI et de ses semblables, les sources proches du Hezbollah restent convaincues que le rapport des forces sur le terrain syrien a été inversé en faveur du régime. La fin de la guerre attend, elle, les ententes régionales et internationales qui tardent à venir.