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Stagnation sur le front du gouvernement, mais coups d’éclat militaire et judiciaire

 

Fady NOUN |  

L’éclatant succès militaire enregistré par l’armée à Ersal et l’ouverture du procès des assassins du président Bachir Gemayel (1983) ont éclipsé hier le processus de formation du gouvernement, stagnant depuis quelques jours.

Selon notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane, l’audace de l’opération de commando lancée par la Direction des renseignements militaires dans le jurd de Ersal, qui a permis d’arrêter le chef des opérations du groupe État islamique dans cette région sensible de la frontière orientale, a fait l’admiration aussi bien des responsables libanais que des chancelleries arabes et étrangères ; d’autant que l’homme a été capturé vivant et qu’il pourrait s’avérer être une mine de renseignements pour l’armée.
Le chef de l’État a salué cette opération, ainsi que le Hezbollah, qui a vu dans l’opération « la confirmation du rôle de l’armée dans la défense des frontières ». Dans son communiqué, le Hezbollah a estimé que la libération d’Ahmad Youssef Amoun pourrait être négociée en échange de celle des soldats de l’armée aux mains de l’EI. Pour autant qu’ils soient toujours vivants.
Pour la communauté politique locale, ajoute Khalil Fleyhane, le président Aoun pourrait exploiter cette victoire militaire au cours de la tournée arabe qu’il effectuera après la formation du gouvernement, et qu’il entamera par la visite de l’Arabie saoudite, le Qatar et les États du Conseil de coopération du Golfe. Qui ne peuvent plus, pour le moment, venir au Liban, en raison de la tournée sud-américaine du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et du congrès de la diaspora qui se tient à São Paulo, les 27 et 28 du mois courant (voir par ailleurs).
On apprenait hier de source informée, assure notre correspondant, qu’une délégation saoudienne est attendue « prochainement » à Beyrouth avec pour mission de relancer le don de 3 milliards de dollars accordé par Riyad à l’armée et aux forces de sécurité, un don suspendu en pleine exécution, voici un an, après que Gebran Bassil eut refusé d’approuver une résolution de la Ligue arabe qualifiant le Hezbollah d’organisation terroriste.
Selon une source diplomatique, la visite attendue préludera à la relance officielle du don saoudien, qui sera annoncée à l’occasion de la visite officielle du général Aoun en Arabie saoudite.
Parallèlement, assure la source citée, Doha s’apprête à imiter l’Arabie saoudite et à envoyer un émissaire à Beyrouth pour y relever les besoins de l’armée et des forces de sécurité, dans la perspective de la visite officielle que le chef de l’État doit rendre à l’émirat.

Raidissement des positions
Pour en revenir au processus de formation du nouveau gouvernement, à l’issue d’une troisième semaine de tractations, le blocage persiste au niveau des choix suivants: le portefeuille qui reviendra au parti Marada qui, à défaut des Travaux publics et des Transports, que Nabih Berry souhaite garder pour lui, exige un portefeuille de services essentiel que refusent de lui céder le CPL ou les FL.
Selon une source du bloc démocratique (joumblattiste) citée par l’agence al-Markaziya, le Premier ministre désigné est tiraillé entre Nabih Berry, qu’il ne souhaite pas « fâcher », et le président de la République, qui visiblement ne veut rien refuser aux Forces libanaises. Selon cette source, la volonté de délimiter un territoire dès à présent, empêche les partis en présence de faire preuve de pragmatisme et de souplesse, pour garder au mandat du président Aoun le « préjugé favorable » dont il a bénéficié à son élection.
Et la source d’ajouter que les rumeurs d’un prochain assouplissement des positions des uns et des autres sont artificiellement entretenues, mais qu’en réalité, les camps en présence ont tendance à raidir leurs positions, comme pour se préparer à une guerre des tranchées. En tout état de cause, il ne faut pas s’attendre à du nouveau dans les deux prochains jours, le Premier ministre sortant étant absorbé par l’organisation du second congrès du courant du Futur.

La violence contre la femme
C’était hier la Journée internationale de lutte contre la violence exercée sur les femmes, et pour l’occasion, le Premier ministre désigné s’est engagé à cet égard, sur son compte Twitter. « Notre devoir, a-t-il dit, est d’appliquer les lois ou de les réformer pour protéger la femme des violations criantes de ses droits humains. Hommes et femmes doivent joindre leurs forces pour provoquer un changement en faveur de la femme dans notre pays. » Un changement qui doit s’opérer notamment au niveau des tribunaux, dont certains sont scandaleusement indulgents en la matière. Peut-être sous le mandat d’un président fort oseront-ils suivre la trace de la Cour de justice qui, enfin, après 34 ans de vains et stériles efforts, a décidé de se libérer des hypothèques politiques qui l’entravaient et d’ouvrir enfin le procès des assassins de Bachir Gemayel et de ses compagnons.