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Suffit-il de prier ?

 

Nous y sommes en plein et il faut être sourd ou aveugle pour ne pas s’en rendre compte. L’hydre est toujours là, mais elle a revêtu d’autres habits et utilise de nouvelles armes, celles qu’il est quasiment impossible de contrôler parce que la vie, dans ce cas-là, n’a plus d’importance et que la mort devient l’honneur suprême…

C’est du terrorisme qu’il s’agit, bien évidemment, de cette menace planétaire qui n’épargne aucun pays, aucune communauté, une monstruosité qui se nourrit de l’impuissance ou de la complicité de systèmes politiques fondés sur une démocratie frileuse ou un totalitarisme criminel.

« Plus jamais ça », clamaient en chœur les grandes puissances, réunies il y a trois jours sur les côtes de Normandie pour commémorer la libération, la chute du nazisme et l’avènement d’un monde nouveau bâti sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. « Plus jamais ça », disaient-ils, et pourtant, comme une pieuvre tentaculaire, une troisième guerre mondiale se met en place, insidieuse, sournoise, pulvérisant les barrières que l’Occident croyait avoir mises en place pour empêcher que l’irréparable se produise de nouveau.

Les attentats du 11 septembre 2001 à New York avaient déjà donné le la à ce qui devait s’ensuivre et l’élimination de Ben Laden, au lieu de désarticuler les réseaux terroristes, leur a donné, au contraire, une nouvelle impulsion, les émules du cerveau criminel se comptant désormais en dizaines de milliers. À qui la faute ? Très clairement, aux politiques de compromission menées par les grandes puissances, aux erreurs colossales des Occidentaux, des États-Unis en particulier, un peu partout dans le monde, en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, sans oublier le double jeu mené dans plus d’un pays du continent africain au détriment des droits les plus élémentaires des populations.

De promesses mensongères en lâchages systématiques, de menaces d’intervention en revirements déshonorants, tout a été mis en place pour réhabiliter des régimes obtus ou tortionnaires, pour fournir aux « opprimés de la terre » des raisons supplémentaires de recourir à la violence, à l’arme ultime du faible et du désespéré : le terrorisme dans ses facettes les plus abjectes. Et voilà que les meneurs de jeu, ceux qui se mouillent tout en se hâtant de se « démouiller », en viennent à nous jouer la comédie de la surprise, à exprimer leur effarement face à une hystérie meurtrière qu’ils ont eux-mêmes contribué à mettre en place.

Elle est là la troisième guerre mondiale, dans la couverture accordée à des tyrans d’un autre âge, dans des injustices tolérées ou cautionnées, dans la prolifération inévitable et conséquente d’organisations terroristes, dans le maintien de centaines de millions de miséreux dans la détresse la plus totale, dans les vagues d’émigration vers les mirages d’un Occident fantasmé, confronté d’ores et déjà à des crises identitaires.

Haines sociales, haines religieuses, et en arrière-plan l’injustice de départ, celle infligée au peuple palestinien : dans la course vers l’abîme c’est le monde arabe qui est, aujourd’hui, en tête de peloton… Mais au final, tôt ou tard, il sera rattrapé par tous les protagonistes de la tragédie.

Hier, au Vatican, c’est quasiment dans l’urgence que les prières pour la paix ont réuni, autour du pape François, Shimon Peres et Mahmoud Abbas, acteurs impuissants d’un conflit qui s’éternise.

Mais les prières, seules, peuvent-elles venir à bout des exécrations ancestrales, des frustrations accumulées et des soifs de vengeance qui fertilisent le terrorisme planétaire ?