IMLebanon

Une conjonction favorable à l’élection présidentielle se dessine

Fady NOUN

 

Un possible réchauffement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite et la résolution 2170 du Conseil de sécurité prise le 15 août serviront-ils de point d’appui à l’élection d’un nouveau président de la République en septembre prochain ? C’est ce que veulent croire des observateurs de la scène locale, désormais indissociable de ce qui se passe sur d’autres fronts
Certes, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais la visite – longtemps attendue – entamée hier en Arabie saoudite par l’adjoint du ministre iranien des Affaires étrangères ne saurait être que prometteuse, estiment les observateurs. Les affaires libanaises pourraient bien figurer à l’ordre du jour des entretiens qui suivront.
Conjuguée à la mise à l’écart de l’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, la visite laisse entrevoir une modification de la stratégie régionale iranienne et une convergence d’intérêts entre les deux grandes puissances sunnite et chiite de la région, face au monstre jihadiste qui gagne du terrain en Syrie.
La résolution 2170, elle, se promet d’être historique. Cette résolution, adoptée à l’unanimité en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, fournit l’élan requis pour soutenir les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, notamment au Proche-Orient. Elle contient en effet de nouvelles mesures permettant de lutter contre certains groupes représentant une menace sérieuse à la sécurité dans la région.
Dans cette résolution, le Conseil de sécurité condamne très fermement la violence exercée par ces organisations et par d’autres groupes terroristes, sous la forme de massacres, de persécution des minorités, d’exécutions sommaires, de violations massives des droits de l’homme et d’actes qui, en définitive, entraînent des souffrances indescriptibles à la population des territoires où ils sévissent. Le Conseil appelle à la cessation des violences et à la dissolution immédiate de ces groupes terroristes. De même, il met en garde les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité contre les conséquences de leurs actes, en vertu du droit humanitaire international.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, a immédiatement saisi la perche que lui a tendue la résolution, se montrant disposé à participer à la lutte contre le terrorisme, sachant que la province de Raqqa tout entière est désormais aux mains de l’État islamique.
Le Liban devrait emboîter le pas à son voisin et se positionner aussi contre le jihadisme qui a frappé à sa porte il y a trois semaines, et dont le plan diabolique a échoué grâce à la valeur de son armée, n’en déplaise à la plume des stratèges de cafés qui se battent avec le sang des autres. Les explications d’une source militaire haut placée, hier, ont suffisamment mis en évidence les conditions dans lesquelles a éclaté la bataille de Ersal et les insuffisances qui continuent à être celles de la troupe.
En tout état de cause, ces signes de détente régionale ont stimulé les efforts visant à forcer la main à Michel Aoun, gentiment lâché par ses alliés chiites. C’est ainsi qu’interrompant sa tournée des leaders chrétiens – il doit encore rencontrer Samir Geagea et Amine Gemayel –, Walid Joumblatt pourrait se rendre cette semaine à Paris pour y rencontrer Saad Hariri, en visite privée dans la capitale française. On prête aussi au patriarche Béchara Raï l’intention de lancer une dynamique de sélection d’un nouveau chef de l’État qu’il a mise au point avec un large éventail de conseillers, à son retour de Rome, où il est attendu jeudi. Bénéficiant de l’appui d’une quarantaine de députés chrétiens, cette initiative pourrait s’imposer comme déterminante. Parmi les candidats de compromis dont les noms sont le plus souvent cités : le député Robert Ghanem, l’ancien ministre Jean Obeid, Georges Khoury, notre ambassadeur au Vatican, et l’ancien ministre Marwan Charbel. Il va sans dire que cette liste n’est pas restrictive.